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Le Nouvelliste

Produits pétroliers : Preble-Rish Haïti corrige, déballe, menace et descend en flammes le BMPAD

Nov. 13, 2020, midnight

Preble-Rish Haïti, une entreprise sous contrat avec l’Etat haïtien pour approvisionner le marché en produits pétroliers et présentée par certains comme une compagnie proche du pouvoir Tèt Kale, s'est brouillée avec le BMPAD à cause d'un différend commercial. Pour se défendre, Preble-Rish ne prend pas de gants. La compagnie indique que le président Jovenel Moïse a fait des commentaires sur ses contrats avec le BMPAD sur la base d’informations « fausses et trompeuses » de ses conseillers. «Le 9 novembre 2020, Son Excellence le président Jovenel Moïse a fait certaines déclarations inexactes lors de son entretien à l'émission Le Point sur Radio Télé Métropole en référence aux contrats de carburant entre BMPAD et PRH pour la gazoline, le diesel et le jet fuel. Nul doute que le président a cru ce qu'il a dit. Cependant, il est très clair qu'il reçoit des informations fausses et trompeuses de ses conseillers », a indiqué Preble-Rish Haïti dans un communiqué dont le journal a obtenu copie, vendredi 13 novembre 2020. « Le président a déclaré que les contrats de carburant entre BMPAD et PRH expirent le 13 novembre 2020. Ce n'est pas la réalité. Les contrats de carburant prévoient six commandes mensuelles et les contrats n'expirent pas tant que PRH n'ait pas livré et que BMPAD n’ait pas payé six commandes mensuelles », a poursuivi ce communiqué, soulignant que « quatre commandes mensuelles ont été livrées et PRH était en train de livrer la cinquième lorsque BMPAD a cessé de payer le carburant ». Preble-Rish Haïti a saisi les tribunaux et menace PrebleRish Haïti a saisi les tribunaux et dégainé des menaces pour garder son statut de fournisseur exclusif de produits pétroliers de l’Etat d'Haïti. « PRH a l'intention d'exercer tous ses droits légaux pour s'assurer que BMPAD remplisse ses obligations d’accepter et de payer six commandes mensuelles. Des poursuites judiciaires sont actuellement engagées contre BMPAD pour la contraindre à respecter les termes de leurs contrats », lit-on dans ce communiqué de Preble-Rish Haïti, qui trace une ligne dans le sable. « PRH a également l'intention de poursuivre en justice tout autre fournisseur de carburant qui tente d'interférer avec les droits contractuels de PRH de fournir et de recevoir le paiement de six commandes mensuelles », menace cette compagnie spécialisée dans la construction. Preble-Rish Haïti déballe, descend en flammes le BMPAD Cette compagnie, dans ce communiqué, a pris le contre-pied d’une affirmation du pouvoir pour accuser les autres compagnies pétrolières d’avoir perçu des gains indus, en utilisant un indice non connu par l’Etat. « Le président a aussi déclaré que le gouvernement haïtien n'a appris qu'en mai 2020 qu'il y avait une publication appelée Platts fournissant les prix mondiaux pour différents carburants. Ceci est inexact », a affirmé Prebel-Rish Haïti, qui a souligné que le « BMPAD utilise Platts comme référence depuis longtemps ». « En fait, toutes les offres soumises à BMPAD en avril étaient basées sur les prix Platts disponibles au public en plus des frais de transport et d'assurance », explique PRH. « Le président a aussi déclaré qu'il y avait actuellement un différend entre PRH et BMPAD au sujet du prix contractuel du carburant. C'est vrai, mais sa description du différend est complètement incorrecte », a assuré Preble-Rish Haïti, qui assure avoir « obtenu les contrats de carburant sur la base des conditions de son offre ». « L'offre, a expliqué ce communiqué, prévoyait que PRH accorderait au BMPAD des conditions de crédit de 120 jours à un prix indiqué en échange d'une lettre de crédit internationale ». L’Etat haïtien en panne de lettre de crédit « Les contrats sont très clairs sur l’obligation qu’a le BMPAD de fournir la lettre de crédit internationale. BMPAD a manqué à cette obligation dès le départ et n'a jamais fourni la lettre de crédit requise », selon ce communiqué du PRH qui souligne, en dépit de ce ''défaut de BMPAD'', pour éviter d’embarrasser l’administration Moïse-Jouthe, a accepté de fournir les quantités de carburant requises sans la lettre de crédit, moyennant que BMPAD paye chaque expédition à l’avance ». « BMPAD l'a fait pendant quatre mois consécutifs, puis a cessé de payer », a indiqué Preble-Rish Haïti. « En attendant le paiement anticipé de la cinquième commande mensuelle, PRH a procédé à la livraison d'une cargaison de diesel le 14 octobre 2020 pour éviter une crise de carburant. Le même jour, un autre navire transportant environ 165 000 barils de gazoline est entré au port de Port-au-Prince et a attendu le paiement de BMPAD », a poursuivi PRH, qui tacle sévèrement le BMPAD. « Au lieu de cela, BMPAD a illégalement saisi le navire et confisqué la cargaison sans la payer. Pourquoi a-t-il fait ça ? BMPAD a déclaré qu'il avait besoin du carburant pour éviter une crise. Il ne fait aucun doute qu'il est toujours plus facile de voler quelque chose que de payer pour ». « Les contrats prévoient clairement que tous les différends soient soumis à un arbitrage international. PRH a déclaré à plusieurs reprises qu'elle était disposée à soumettre le différend à l'arbitrage, mais BMPAD a plutôt choisi de confisquer la cargaison. PRH, face à cette situation, a lancé un arbitrage contre BMPAD pour le tenir responsable de ses violations répétées des lois internationales », a informé Prebel-Rish Haïti. Quid de l’approvisionnement du marché à court terme et bribes d’asphalte «Entre-temps, lit-on dans ce communiqué, un autre navire de PRH, transportant environ 190 000 barils de carburant diesel à destination d'Haïti, attendait le paiement dans les eaux internationales. Malgré le différend se rapportant à la cargaison confisquée, PRH a clairement indiqué au BMPAD qu'elle était disposée à livrer la cargaison de diesel moyennant qu’il paie tel que requis par les contrats », selon ce communiqué. « Le navire transportant du diesel est en attente depuis 16 jours dans les eaux internationales, mais BMPAD n'a jamais ni répondu ni payé », a écrit Prebel-Rish Haïti, qui décoche une autre flèche. « BMPAD a une longue histoire de défauts. BMPAD n'a pas payé un précédent fournisseur de carburant et est en arbitrage avec eux depuis plusieurs années », lit-on dans ce communiqué. « En 2018, PRH a conclu un contrat avec BMPAD pour fournir 36 expéditions mensuelles d'asphalte afin que le gouvernement d'Haïti puisse apporter des améliorations indispensables aux infrastructures de transport du pays. Pourtant, au cours des 24 derniers mois, BMPAD n'a accepté que deux envois d'asphalte, en violation des termes de ce contrat. En fait, un navire transportant de l'asphalte a attendu plus de 80 jours dans la baie de Port-au-Prince, pour que BMPAD arrive à le débarquer. Pourquoi tout ceci arrive-t-il ? Nous ne savons pas, mais nous proposons une observation. PRH ne verse pas de pots-de-vin. Cela va à l'encontre de nos principes commerciaux. Nous pensons que les pots-de-vin et la corruption sont non seulement mauvais pour les affaires, mais aussi mauvais pour le pays. Cette position ne fait pas l’unanimité, nous le savons », a écrit Prebel-Rish. «Nombreux sont ceux qui aimeraient voir PRH retiré de son rôle de fournisseur de carburant en Haïti afin de pouvoir recourir aux anciennes pratiques. Réussiront-ils ? Nous ne pouvons pas dire. C'est au gouvernement haïtien et au peuple haïtien de le déterminer. À la lumière de ses défauts et non-paiements persistants, comment Haïti est-il perçu sur les marchés internationaux ? À titre d'exemple, le gouvernement américain fournit un financement à l'exportation à 192 pays qu'il estime solvables. Haïti n'en fait pas partie. Cependant, PRH a réussi à obtenir le soutien du gouvernement américain pour son contrat d'asphalte, une première en Haïti depuis plus de 15 ans. C'était un test auquel BMPAD a échoué. Avec une nouvelle administration qui démarre à Washington, le message que le BMPAD a choisi d'envoyer aux États-Unis est qu'Haïti n'est toujours pas digne de confiance. Est-ce là que veut aller Haïti ? », se demande le communiqué.  « Enfin, le Président a déclaré qu'après la fin du contrat avec PRH, le gouvernement d'Haïti entamera une nouvelle politique d'achat directement auprès de fournisseurs internationaux. Bien sûr, c'est son droit de le faire et nous lui souhaitons plein succès. Cependant BMPAD doit d’abord remplir ses obligations pour six commandes mensuelles selon son contrat existant avec PRH », selon ce communiqué qui a aussi soutenu que « les crises de carburant surviennent en raison de l'ingérence politique dans les affaires commerciales ». Après ce communiqué décapant, Prebel-Rish Haïti n’entend pas bouder le marché haïtien. « Nous sommes disposés à continuer de fournir du carburant à Haïti, que ce soit au BMPAD ou à toute autre personne ayant le droit légal d'acheter et de payer le carburant. Les crises de carburant sont causées par des politiciens et peuvent être évitées par BMPAD simplement en respectant toutes les conditions de ses contrats et pas seulement les conditions qu'elle juge qui lui sont favorables », a insisté PRH, qui souligne qu’elle opère « avec ses filiales européennes et américaines dans les secteurs de l'ingénierie, des infrastructures et des produits pétrochimiques, avec une emphase particulière depuis 2013 sur les marchés haïtiens ». Roberson Alphonse