Le Nouvelliste
Une démocratie de pacotille
July 24, 2020, midnight
Sur le plan strictement politique, nous pouvons résumer le système démocratique par le respect de ces normes et principes : l’organisation périodique et régulière d’élections libres, inclusives, honnêtes, transparentes ; l’alternance des partis au pouvoir ; la jouissance par l’ensemble des citoyennes et citoyens des libertés individuelles, politiques ; le fonctionnement des trois pouvoirs, prévus constitutionnellement, en vue de leur équilibre, tel que prescrit par Montesquieu… Au Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP) nous nous en tenons à cette simple énumération et nous nous rendons compte que l’État haïtien actuel ne s’embarrasse même plus de faire semblant d’adopter le régime démocratique, dans ce qu’il a de plus formel. Nous nous rangeons, ainsi, du côté de la majorité des partis politiques et institutions de la société civile qui soupçonnent le pouvoir actuel d’instaurer une dictature dans le pays, pire , de vouloir se perpétuer au pouvoir. S’il n’y a pas de preuves flagrantes, il y a des indices forts qui pourraient nous conduire vers un fait accompli ; et, vers un grand débordement de colère populaire, de troubles politiques, aux conséquences imprévisibles et incalculables. Au nombre des faits connus constituant ce début de preuves, il faut, en tout premier lieu, retenir le cas du président de la République. En dehors des dix sénateurs ayant un mandat de six ans en cours, dans un Parlement non fonctionnel ou frappé de caducité, il est le seul élu ou représentant de l’État à détenir un mandat légal et exerçant sa fonction. Pourtant, celui, qui semble agir comme le seul coq du village, est, selon la Constitution, responsable du bon fonctionnement de toutes les institutions du pays. Qui devait aménager les conditions pour l’organisation des élections pour une nouvelle législature ; pour le renouvellement périodique du tiers du Sénat ; pour les maires, transformés en agents intérimaires, ces jours-ci… pour ne citer que ces paliers de représentants du peuple . Cette tâche incombe, constitutionnellement, au seul président de la République qui multiplie des déclarations ambiguës le dédouanant maladroitement de ses responsabilités ou dévoilant béatement ses intimes intentions ! Un autre début de preuves - pas des moindres ! - les élections sont l’affaire d’un Conseil électoral constitutionnel , à défaut d’être légal, consensuel. L’actuel Conseil électoral n’est ni consensuel, ni légal, voire, constitutionnel. Comble d’infortune, il est amputé d’un membre (ne pouvant pas être remplacé). Les élections sont l’affaire d’organisation et de planification. Ce Conseil qui, par malchance, a passé plus de quatre ans aux commandes, n’a rien divulgué, quant à ces réalisations dans le sens d’une solide structuration de l’institution et de son implantation sur tout le territoire, dans le sens de la systématisation du droit de vote et de l’universalisation de son accès… Les élections sont l’affaire de citoyennes, de citoyens jouissant librement de leurs droits civils et poliques et pouvant exprimer leur choix, en leur âme et conscience. Plus qu’hier, les électeurs potentiels doivent certainement ressasser des craintes quant à cette possibilité face à la montée en puissance des chefs de gang, des bandits légaux qui, brandissant leurs armes, réclament le droit de conquête et d’exercice des pouvoirs de l’État. . Il est inconcevable et même douteux que le Chef actuel de l’État ne manifeste sa réprobation, voire, son intention d'exercer le monopole de la violence légitime contre les fossoyeurs du temple. Les élections périodiques et régulières sont une affaire de démocratie, de citoyennes, de citoyens, dans leur universalité, traduite dans leur détention d’une carte les habilitant à participer aux joutes electorales, sitôt convoqués dans leurs comices. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne peut dire quelle carte sera utilisée pour les prochaines élections : la carte «dermalogue» - sur la réalisation de laquelle pèsent de grands soupçons de corruption - ou la carte d’identification nationale ! Et dire que plus de trois millions compatriotes n’ont pas d’existence officielle, pas d’actes de naissance, selon les déclarations de l’actuel directeur des Archives nationales ; donc pas de cartes électorales ! À ce lot s’ajoutent ceux qui n’ont jamais pu s’inscrire sur une liste électorale. Il n’y a pas de démocratie, même, formelle, sans l’organisation périodique et régulière d’élections, sinon, elle est chrysocale, de pacotille "demokrasi ranyon" et prend toutes les formes d’une dictature. Mais pour instaurer une vraie dictature, il faut un dictateur. Et n’est pas dictateur qui veut ! C’est pourquoi nous, du RDNP, rassemblons les citoyens et citoyennes de bonne volonté, de bon commerce, démocrates, progressistes, nationaux authentiques pour qu’ils montent à l’assaut de la citadelle des rêves chimériques de bandits légaux, pour qu’ils se transforment en Grenadiers, Guerriers de lumière, Magistratures morales, afin de sauver tout ce qui peut l’être encore de la déchéance, de la dégénérescence, de la pourriture... en vue de préserver tous les acquis et de prendre, enfin, la direction du chemin et des chantiers des espérances concrètes et légitimes de la population haïtienne. Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP