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Le Nouvelliste

Gonaïves/Coronavirus : des fêtes de Pâques inédites  

April 14, 2020, midnight

Les fêtes de Pâques ont été célébrées, cette année, de manière inédite aux Gonaïves. La quasi-totalité des messes ont été dites à huis clos. Les traditionnels rendez-vous culturels et populaires ont tous été annulés. Une première dans l’histoire de la municipalité. Confinée et minée par le stress, la population se souviendra longtemps des séquelles du coronavirus.    Dans tout le diocèse, les célébrations de Pâques se sont déroulées de manière inhabituelle. À la paroisse Sainte-Anne et Saint-Joachim de Labranle, 5e section, plus de 1 300 fidèles se voient interdits de participer à la messe. Le curé, père Efner Rénélique, n’a pas caché son regret. « Ce sont les fidèles qui font la beauté des messes. Or, les réunions se limitent à dix personnes. De plus, le baiser de paix est interdit... Cela a enlevé l’aspect solennel de la fête », s’est-il désolé. Selon le révérend Rénélique, la semaine sainte est teintée de stress. Les esprits étant préoccupés par les effets néfastes de la pandémie. Il invite les fidèles à raffermir leur foi et à respecter scrupuleusement les consignes des autorités. « Dieu ne laissera pas le coronavirus décimer son peuple », s’est convaincu le curé.     Annulation du concert de Pâques    Face aux risques de contamination, le traditionnel concert de Pâques de la chorale Alegria a été annulé. Chaque année, cette activité réunit des milliers de personnes venues de toute la région. D’après le révérend père Pierre Paul, responsable de cette chorale de 170 membres âgés entre 10 et 18 ans, les fêtes de Pâques ont été vécues avec une « grande fièvre de nostalgie ». « Pour nous tous, ça reste un choc vu la place qu’Alegria tient dans le cœur de ses fans inconditionnels », a-t-il déclaré. La nostalgie du rara En dépit des tentatives, les paysans n’ont pas pu danser le rara, leur plus grande fête. De l’avis de Lahens Honorat, président de la bande à pied « Saint Antoine », cette situation n’est pas sans conséquence. « C’est un coup dur ! Cela nous affaiblira davantage », a-t-il souligné. Selon le hougan, le rara favorise l’harmonisation des morts et des vivants et il renforce la cohésion sociale. Au-delà de sa portée mystique et récréative, a renchéri M. Honorat, le rara est une opportunité économique et touristique. En cette période de crise, il conseille aux paysans d’être vigilants et solidaires.   La fête du Lakou Souvnans, lieu sacré du vodou, a coïncidé avec les Pâques. Elle n’a pas eu lieu non plus. Dans l’intérêt de tous les initiés, les serviteurs se sont pliés aux ordres des autorités.