Le Nouvelliste
La chapelle royale de Milot en attente de sa reconstruction
Aug. 18, 2020, midnight
Ceux qui entendent visiter Milot sont prévenus, ils ne verront pas de sitôt le toit circulaire de la chapelle royale qui dominait toute la ville, ce dôme qu’on admirait de loin sur la route avant même d'atteindre le cœur de la cité riche en monuments historiques. Les vestiges de la bâtisse, dépossédé de son toit, ses portes, symbolisent la nostalgie de son passé glorieux. Dimanche après-midi, au lendemain de la célébration de la Notre-Dame au Cap-Haïtien et des 350 ans de la ville, ils sont seulement quelques marchands de chapeau de paille devant le palais Sans-Souci à Milot. Le soleil s’apprête à se retirer, laissant la chapelle royale dans son obscurité. La soirée fatidique du 13 avril 2020 est toujours dans un coin de la tête des habitants de Milot, ville abritant un riche patrimoine historique. Ils voulaient être utiles cette soirée-là, mais ne pouvaient pas empêcher un incendie de ravager leur chapelle. Berlendy, enseignant dans une école catholique de la ville, garde un souvenir amer de la soirée. « On paniquait beaucoup. On souhaitait pouvoir être utile à quelque chose, mais dommage », dit-il. Louis ne digère toujours pas le drame. « Chaque année, j’étais engagé pour repeindre la chapelle. Cette année, j'ai soumis un devis qui a été accepté, mais sont arrivés d’abord le coronavirus et ensuite l'incendie, se désole-t-il. C’est dommage dans tous les sens. » Lapli Antoine, lui, se présente comme un guide depuis 1968. Il fait partie, dit-il, de ceux qui ont enlevé les portes et les fenêtres pour les déposer à la sacristie pendant l’incendie. « Je me rappelle que le toit s'est effondré tandis qu’on cherchait à s'en sortir. On aurait pu en mourir », raconte le septuagénaire, qui souhaite voir la chapelle dotée d’un nouveau toit. Contacté par Le Nouvelliste, le directeur de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN), Jean Patrick Durandis, confirme qu’aucun geste n’a été posé à ce jour pour la rénovation de la chapelle, sinon la réalisation par son équipe d'un plan qu'il assure avoir soumis au ministère de la Culture et à des bailleurs. « Mon équipe a pour but de proposer des plans, on n'est pas exécutant, rappele-t-il. On espère que le ministère de la Culture donnera carte blanche. Que l’État profite de la prochaine année fiscale pour s'en donner les moyens.» Aujourd’hui, avec la reprise des activités et la réouverture des églises, les messes ont lieu actuellement dans la salle paroissiale de Milot. Détruite par un incendie le 13 avril 2020, la chapelle royale de Milot a été construite entre 1810 et 1813 sous le règne du roi Henry Christophe. Elle a été restaurée une première fois dans les années 1930 et avait fait l'objet de travaux d'urgence en 2018 pour colmater les importants trous de la toiture du dôme.