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Politique : Fritz Alphonse Jean pris dans les luttes internes du Conseil, la lutte contre les gangs reléguée au second plan

June 17, 2025, 4:26 a.m.

Port-au-Prince, 16 juin 2025 —Depuis sa prise de fonction, le CPT n’a organisé que deux Conseils des ministres. Les dissensions entre les membres, désormais exposées au grand jour, révèlent l’ampleur des divisions qui entravent la gouvernance. Les ambitions de « transition de rupture », brandies lors de la signature de l’accord du 3 avril 2024, tardent à se concrétiser.Le 31 mars, Fritz Alphonse Jean reconnaissait que le pays faisait face à une « situation de guerre », annonçant un « budget de guerre » censé marquer une offensive décisive contre les groupes armés. Ce plan budgétaire, élaboré sous la supervision de l’architecte Leslie Voltaire, un proche allié de M. Jean, reste à ce jour sans traduction concrète sur le terrain. Aucune stratégie de sécurité cohérente n’a encore vu le jour.Dans les faits, l’État reste largement absent des zones sous contrôle des gangs. Les forces de l’ordre, sous-équipées et peu soutenues, peinent à mener des opérations efficaces. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées, tandis que les rivalités internes au CPT accaparent l’agenda politique.De plus en plus de voix critiquent l’immobilisme du pouvoir transitoire, jugé sans légitimité populaire et sans vision claire de sortie de crise. Pour beaucoup, cette énième transition politique reflète l’échec d’un système incapable d’initier une refondation politique sérieuse. Loin de rassembler, le CPT alimente les divisions et accentue le désenchantement populaire.La crise actuelle dépasse le cadre sécuritaire : elle est aussi politique, morale et institutionnelle. L’impunité s’impose, la corruption ronge l’administration publique, la justice est à l’arrêt, et l’influence étrangère reste omniprésente dans les affaires nationales.Pendant ce temps, la population demeure prisonnière d’un appareil d’État en panne, en attente de résultats concrets. En l’absence d’une réponse ferme face aux gangs, le véritable affrontement semble désormais se jouer au sein même du pouvoir. Les conflits internes, les ambitions personnelles et l’incapacité à gouverner hypothèquent toute perspective de stabilité durable.Avec des élections toujours hors de portée, la transition, au lieu d’incarner un renouveau, devient le symbole des désillusions. Pour sortir de cette impasse, un changement de cap s’impose, fondé sur des principes éthiques et une volonté politique claire. Faute de quoi, le CPT risque de s’ajouter à la longue liste des expériences transitoires inabouties.Mederson AlcindorVant Bèf Info (VBI)