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Le Nouvelliste

Me Monferrier Dorval était l’objet de menaces, selon le secrétaire général du barreau de Port-au-Prince

Aug. 31, 2020, midnight

Bien avant son assassinat vendredi soir en rentrant chez lui, le bâtonnier du conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, avait confié à des proches collaborateurs qu’il faisait face à des menaces. Le juriste n’avait donné aucun détail qui permettait de déterminer la provenance de ces menaces, a fait savoir le secrétaire général du barreau de Port-au-Prince Me Robenson Pierre-Louis, soulignant le « caractère réservé » de Me Monferrier Dorval. Mais dans une conversation avec les membres de son cabinet dans la journée du vendredi, il avait déclaré qu’il ne se laisserait pas intimider. « Li te di li pap pran presyon nan men pèsonn », rapporte Robenson Pierre Louis, ajoutant que Me Monferrier Dorval avait fait référence à l’interview qu’il avait accordée à la matinale à Radio Magik 9. Dans cette interview, le professeur de droit constitutionnel avait plaidé en faveur d’une nouvelle Constitution. L’adoption de cette nouvelle Constitution devrait se faire bien avant l’organisation des élections et en dehors du Parlement, avait-il proposé.   Le secrétaire général du barreau de Port-au-Prince ne croit pas que l’assassinat  de Me Monferrier Dorval est un acte isolé. « De source sûre, j’ai appris qu’il y a toujours de l’électricité dans la zone où réside Me Monferrier Dorval. Mais ce soir-là, note Robenson Pierre-Louis, il y a eu un black-out qui s’est prolongé jusqu'à minuit ». Beaucoup de feux d’artifice étaient lancés au moment de l’assassinat  du bâtonnier. « Drôle de coïncidence! Il peut s’agir d’une coïncidence. Cela peut arriver. Mais moi je n'y crois pas », a soutenu Robenson Pierre-Louis, soulignant que les assassins ont emporté le téléphone de la victime.   Pour le secrétaire général du barreau, l’assassinat de Me Monferrier Dorval est quelque chose de « commandité ». « Son assassinat ne rentre pas dans le cadre de l’insécurité généralisée. C’est quelque qui a été fomenté personnellement contre Me Dorval », a-t-il déclaré. Robenson Pierre-Louis voit dans cet assassinat un signal fort lancé à la population et à la corporation des avocats pour les contraindre à se taire.    Mis à part sur la question de la Constitution, Me Monferrier Dorval avait pris position publiquement, à travers une note de la Fédération des barreaux d’Haïti, contre les décrets publiés par le président de la République. La Fédération des barreaux d'Haïti (FBH) avait adopté une résolution en juillet dans laquelle elle a demandé au président de la République d'effectuer le retrait des décrets adoptés en violation de la Constitution, rappelant à ce dernier aussi bien qu’à son gouvernement que la Constitution ne confère pas l'exécutif le pouvoir de se substituer au législatif pour adopter des décrets ayant force de loi. « Me Dorval avait participé à l’élaboration du document », révèle Robenson Pierre-Louis qui a encore une fois affirmé que les décrets sont inconstitutionnels. Il a martelé que les signataires de la résolution ne vont pas se taire. Par ailleurs, le président de l’Association nationale des magistrats d’Haïti, Me Jean Wilner Morin, regrette que les autorités ne prennent aucune décision sérieuse en vue de mettre fin aux actes de banditisme. Il regrette que les bandits brandissent leurs armes au vu et au su de tout le monde alors que la police et la justice sont incapables de sévir contre eux.Le magistrat, qui affirme être très inquiet, critique l’incapacité des autorités à contrôler les frontières et empêcher l’introduction des armes dans le pays.