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Le Nouvelliste

Gale et diphtérie font rage à la Gonâve

Jan. 26, 2021, midnight

Le ministère de la Santé publique et de la Population n'a pas encore communiqué officiellement sur les vidéos et les images montrant des enfants avec des lésions dermatologiques qui ressemblent à la sarcoptose. Cependant, dans certaines zones, cela sonne comme une évidence: une épidémie de gale fait rage dans le pays. Le Dr Wilnique Pierre, originaire de la Gonâve, responsable du programme de formation en épidémiologie de terrain au MSPP, a dit avoir déjà documenté, au mois de décembre 2020, certains cas à la Gonâve qui semblent être le point de départ de cette épidémie. «Sur 500 patients consultés en décembre 2020 à l'île de la Gonâve, environ 200 patients ont présenté des lésions dermatologiques caractéristiques de la sarcoptose, mieux connue sous le nom de gale», a fait savoir le Dr Wilnique Pierre.  Cette épidémie gagne en extension en ce mois de janvier. «Il est très difficile de trouver un foyer sans un cas de gale : les gens continuent de vaquer à leurs occupations malgré la démangeaison», a confié ce médecin spécialiste en épidémiologie. Sous un autre angle, il souligne qu'il n y a pas que l'épidémie de gale à la Gonâve. «La diphtérie a déjà causé la mort de trois personnes, c'est une tragédie», s'est désolé le Dr Wilnique Pierre.  Plus loin, le médecin a souligné que «même si l'épidémie de gale atteint plusieurs centaines de personnes, elle ne tue pas automatiquement, sauf dans le cas de surinfection. Or, la diphtérie tue et on n'en parle pas assez. L'épidémie qui tue a toujours la priorité», a-t-il déclaré avant d'ajouter qu'il faut une sensibilisation de masse à ces problèmes de santé publique pour éviter au pays la gestion de plusieurs épidémies en même temps. Donnant la garantie que la direction de l'épidémiologie du MSPP est en train de tout mettre en oeuvre pour endiguer ces foyers épidémiologiques, le médecin a invité la population à rester attentive aux messages des autorités sanitaires en ce sens et à se rendre à l'hôpital en cas de démangeaisons qui se manifestent préférentiellement le soir. Pour le Dr Elsie Ovide Jean Baptiste, professeur de dermatologie à la Faculté de médecine de l'UEH, le problème remonte au confinement parce que, a-t-elle ajouté, la transmission de la maladie se fait de manière directe d'un individu à un autre. «C'est une infection parasitaire qui se manifeste par un prurit, une envie de se gratter dans des zones préférentielles, parfois ça peut prendre tout le corps avec une prédominance le soir», a-t-elle expliqué. Par ailleurs, Mme Jean-Baptiste confirme que dans sa pratique médicale et ses discussions avec d'autres collègues que «la Gonâve serait le bastion de la maladie.» En général, la forme de la sarcoptose rencontrée en Haïti n'est pas trop grave. Cependant, dans certaines prisons ou d'autres endroits où il y a une forte promiscuité, il y a la gale norvégienne qui est une forme beaucoup plus grave que celle que les spécialistes ont l'habitude de rencontrer, a confié la dermatologue. En ce qui concerne les images qui circulent sur les réseaux sociaux, le Dr Elsie Ovide Jean Baptiste a affirmé qu'il s'agit d'une surinfection bactérienne. «Sans une prise en charge adéquate, cela peut déboucher sur une lymphangite, une cellulite, une insuffisance rénale, une septicemie, voire la mort.» Le traitement de la gale concerne toutes les personnes qui habitent sous le même toit ; cela demande des mesures très strictes, d'où la nécessité pour les autorités sanitaires de prendre les mesures qui s'imposent avant que les choses s'aggravent.