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Le Nouvelliste

Enfermés dans un dilemme

June 12, 2020, midnight

En dialogue permanent, intime, avec des compatriotes à l’intérieur et à l’extérieur du pays, nous, du Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP), avons pu noter dans leurs moments d’épanchement, l’expression de deux sentiments extrêmement opposés, en réaction avec le passage de la pandémie Covid-19. Cette catastrophe sanitaire mondiale qui a dévoilé la grande fatuité des sociétés de consommation, sapé les fondements de certaines puissances financières et économiques, défié la folle arrogance de certaines certitudes scientifiques, bousculé des mœurs et habitudes socioculturelles, qui a clairement signifié l’urgence de placer l’être humain au centre de tous les intérêts et préoccupations des nouvelles sociétés à créer. Ceux de l’intérieur du pays, témoins de l’agonie de la gestion administrative de la crise sanitaire, par les autorités actuelles, et, de la crise politique permanente, manifestent des craintes légitimes quant à l’avenir. Aussi sont-ils ballotés entre l’idée de rester au pays et celle de trouver des rives plus clémentes à leurs aspirations propres ou individuelles, et, surtout, à celles portées pour leurs progénitures. Ceux de l’extérieur, victimes du racisme et de l’inconfort de l’expatriation ne peuvent, eux aussi, départager l’envie de rester dans leur terre d’accueil et celle immodérée du retour à la terre natale. A bien considérer, pour ces deux catégories de compatriotes, tout le dilemme reste et demeure : Haïti Depuis le jour où nous avons laissé l’insécurité, le banditisme, l’instabilité politique, la corruption, l’incurie administrative s’installer dans la vie du pays, comme des normes sociales, un mode de gestion de la chose publique, les citoyennes et citoyens sont enfermés dans ce dilemme, ce douloureux sentiment de mal-être existentiel. A preuve, les ressortissants de la République voisine, en pareille situation, ne sont pas mis en demeure de choisir, ne font pas face à tel cruel dilemme. Il est difficile pour les habitants du grand Sud de ne pas être traversés par des sentiments ou idées contradictoires, contraires. Quand ils doivent affronter la mort violente que sèment les gangs armés à la  sortie sud de la capitale, distante seulement de moins de deux kilomètres du Palais national. Le seul Fort, jusqu’ici, inexpugnable du pays. Il est difficile pour les compatriotes vivant à l’extérieur de s’habituer à la banalisation de la mort, au spectacle macabre de cadavres d’innocents, tués par balles et abandonnés sur les chaussées, à l’impunité dont jouissent les nombreux gangs armés travaillant à leur compte, à la solde de bandits légaux. Il est difficile pour les compatriotes, ayant fait l’expérience de la modernité, de passer, quotidiennement, plus de quatre heures de temps, en chemin, avant de relier une commune à la capitale, deux points géographiques, distants de moins de huit kilomètres. Dans l’indifférence des responsables de l’État prédateur actuel… Trop longue serait la liste des griefs qui rendent, cruel, terrible, bizarroïde, le dilemme que doivent affronter les citoyennes et citoyens dans leur soif d’un retour à la terre natale, dans leur envie de jouir du confort d’un chez-soi. Ce n’est nullement l’avarice de la nature envers le pays ou la pauvreté de l’État qui enferme les citoyennes et citoyens dans ce dilemme, c’est la succession des actes manqués, des errances, des apatridies de l’écrasante majorité des dirigeants successifs. Eux qui n’ont pas su exploiter les moments fastes ou fatidiques pour créer l’unité historique, mentale, spirituelle, psychologique, socioculturelle, un des facteurs indispensables à la renaissance de la Nation ou à la naissance de l’État-Nation. Eux qui n’ont pas su aménager de grands travaux d’intérêt public, appliquer des politiques publiques, pour satisfaire les légitimes aspirations des populations.ô très cher President Dumarsais Estimé ! la construction de l’aire du Bicentenaire, aujourd’hui abandonnée aux gangs armés, celle de la ville de Belladère et du barrage de Péligre, désormais branlante et émoussée, faute d’entretien, faisaient des envieux et réveillaient, à l’époque, le patriotisme tant des Haïtiennes, des Haïtiens de l’intérieur que ceux de l’extérieur. Nous du RDNP ambitionnons de créer une communauté d’intérêt, de susciter un réveil patriotique autour d’une possible exploitation rationnelle des malheurs du passage de la Covid-19 pour poser tous les jalons de la nouvelle société haïtienne à créer. Nous voulons associer tous les compatriotes de bonne foi, de bonne volonté, de bon commerce, de l’intérieur comme de l’extérieur, à cette mission, titanesque mais  réalisable, de sortir la population haïtienne devant ce dilemme, pareil à un choix entre le Coronavirus et le Choléra-Minustah C’est dans cette perspective que nous menons une croisade afin de rassembler tous les nationaux, démocrates et progressistes, pour qu’ils participent activement et résolument en Magistratures morales, en Guerriers de lumière, dans l’œuvre patriotiquement noble de création de la nouvelle société haïtienne, à partir de la réalisation de la «dernière transition», d’un «changement de système» politique. Citoyens, citoyennes, aucun effort, aucun sacrifice n’est surhumain ou trop grand, quand il faut aménager un chez-soi où il fait bon de passer son existence.       Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP