Le Nouvelliste
Des toiles d’Édouard Martial entre points et lignes à Galerie Marassa
Jan. 22, 2021, midnight
La Galerie Marassa, angle rue Grégoire et Moïse, Pétion-Ville, expose 9 artistes talentueux pour la première édition de Haïti, le Printemps de l’Art, un moment privilégié pris par Le Nouvelliste pour valoriser l’art haïtien dans sa richesse et sa complexité. Pour cette exposition où se confrontent divers courants picturaux, des artistes issus du courant Saint-Soleil ont enflammé la Toile, tels Payas, Nazito et Édouard Martial. D’autres, de l’école de la Beauté à d’autres sytles contemporains, ont permis de saisir des tranches importantes dans l’évolution de l’art haïtien. Le maître, Philippe Dodard, occupe une place de choix dans cette exposition où dialoguent notamment des œuvres d’Olivier Berthony, de Killy, de Jean-Louis Maxan et de Sully Guttemberg. Édouard Martial ancré dans le vodou À Galerie Marassa, trois œuvres marquées par des points et des lignes multiples prennent le regardeur par la main et l’emmènent dans des contrées insoupçonnées. Ce sont des acryliques sur toile réalisées par Édouard Martial, un artiste issu du mouvement Saint-Soleil qui remonte aux années 70. Disciple du grand maître Tiga, un artiste polyvalent qui a formé plusieurs générations d’artistes. Dans l’œuvre de Martial, les diverses lignes et les points sont apparentés à des paillettes. On peut voir des formes variées et des personnages ancrés dans la tradition vodoue. Peu importe l’angle où se place le regardeur, il ne peut, en aucune manière, échapper à l’expressivité d’une toile au fond rouge dans cet espace. Cette toile véhicule une charge émotionnelle intense. Ces personnages aux visages tantôt superposés, tantôt placés dans des formes, qui font penser au mouvement de la terre, exerce une attraction sur l’œil en quête du beau. Avec cette œuvre au fond rouge, les vingt-et-une nations du vodou sont représentées sur un fond stellaire. On est comme attiré dans le monde de Martial par une attraction gravitationnelle qui orbite autour de ces loas qui sont autant d’étoiles qui éclairent la route du vodouisant du berceau au cercueil, cette autre porte qui s’ouvre vers l’au-delà. Il faut aussi rappeler que les loas sont des esprits guérisseurs et protecteurs d’origine africaine et amérindienne. Dans la foulée de sa quête de sens et de poésie picturale, « Étoile et Marassa », une peinture dominée par le bleu, capte l’attention. Il nous place dans ces masses stellaires. On a comme la sensation de se plonger dans une boule de gaz. Ces milliers de degrés de ces esprits incandescents nous tapent sur la rétine. Ces petits points chauds, ces formes qui s’élancent et s’enlacent sur la surface dense nous entraînent dans une cérémonie où des marassa, en d’autres mots des jumeaux, sont vénérés. Pour les vodouisants, les jumeaux sont des êtres détenteurs de pouvoirs mystiques. Aussi témoignent-ils de la liaison indéfectible entre tous les éléments de la nature, arbres, animaux, et êtres humains. En s’approchant plus près, on découvre des êtres qui tournent autour d’une même énergie. Toutes les toiles de Martial dans cette exposition sont un chant aux loas. Au regardeur de les donner un sens selon leur référence culturelle.