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Le Nouvelliste

La Fédération des ligues de pasteurs de la Grand'Anse a marché dimanche contre le nouveau code pénal

July 27, 2020, midnight

Les protestants de la Grand'Anse ont marché, dimanche 26 juillet, contre des articles du code pénal «non conformes» à la morale chrétienne. Ces derniers ont profité de l'occasion pour s'adresser au président Jovenel Moïse et recadrer ce dernier sur le nouveau code pénal. Des observateurs avisés reprochent à ces fidèles d'être souvent silencieux sur d'autres problèmes de la société. Ils étaient nombreux ce dimanche, issus de plusieurs églises protestantes de Jérémie, à fouler le macadam pour exprimer leurs colère et frustration contre plusieurs articles du code pénal. «C'est inacceptable, on ne peut se permettre de laisser la pays glisser sur cette pente. Moi, en tant que chrétienne et mère de famille, je suis très inquiète ; que faire de la morale ? Que faire des relations entre femmes et hommes ? La Bible dit clairement ce qu’est le mariage, c'est l'union d'une femme et d'un homme reconnue de façon officielle par la loi ou les règles en vigueur localement, dans le but de s’unir à vie en formant un couple. D'un seul coup, l'Etat veut nous faire croire que la relation entre deux hommes ou deux femmes n’est point un péché, que c'est normal!», dénonce une fidèle de l'église baptiste de Jérémie. Dans la foulée un jeune chrétien de 25 ans de l'Église Péniel de Jérémie exprime sa désolation. «Dieu est en haut en train de nous regarder. Le jour du jugement, on devra répondre de nos actes, et si nous protestants restons silencieux face à cette dérive, nous la paierons très cher. La colère de Dieu s’abattra sur nous. Aujourd'hui nous sommes là pour dire non à l'Etat haïtien et à la communauté internationale qui veulent à tout prix enforcer le pays dans l'abîme», prévient-il. Par ailleurs le président de la Fédération des ligues de pasteurs de la Grand'Anse, le révévénd pasteur Alfred Phélice, a pris le soin de dresser la liste des articles du nouveau code pénal qui font problème aux yeux de l'église. Pour le leader chrétien, les articles 305 à 471 sont absurdes et non conformes aux principes bibliques. «Nous sommes ici aujourd'hui pour marquer l'histoire, jamais on ne va permettre aux dirigeants d'appliquer ce code pénal ; l'avenir de l'Église, nos familles, la société même est en danger ; on va continuer à mobiliser tous les secteurs de la vie nationale pour faire front commun face à cette folie des dirigeants qui veulent légaliser l'homosexualité. Ils veulent imposer aux officiers d'état civil, pasteurs et prêtres ces pratiques honteuses. Ils nous menacent de 5 ans de prison ou une amende de 50 à 100 000 gourdes en cas de non-célébration d'un mariage de personnes de même sexe, ils veulent émanciper un enfant de 15 ans qui peut se livrer aux pratiques sexuelles sans même tenir compte des avis des parents et de l'Église». Si pour les églises protestantes l'heure est à l'urgence afin d'empêcher le président Jovenel Moïse de continuer sur ce chemin, d'autres observateurs sont très critiques à l'égard des représentants et fidèles de l'Église. «Aujourd'hui, ils sont tous dans les rues pour demander aux autorités de prendre en compte les principes bibliques dans leurs décisions. Or durant les élections, la majorité d'entre eux restent chez eux et ne veulent pas aller voter pour élire un président, un maire, un sénateur, sous prétexte que la politique n'est pas une affaire de chrétien. Demandez à l'Église d'organiser une marche contre la vie chère, elle va rester muette. À présent ils payent leur inaction. Ils évitent la réalité avec l'espoir d'aller vivre dans un monde purement inventé par les Occidentaux», s'exclame un étudiant en droit d'origine jérémienne. «Quand vous parlez de droits humains, il faut exclure l'Église protestante, ils n'ont aucun respect pour le choix d'un individu, ils veulent tous imposer leurs dogmes sans tenir compte de la liberté d'une personne; ils rapportent tout à Dieu et Jésus. Je ne suis pas pour le mariage homo et d'autres actes qui peuvent déranger la société, du moment où on ne légalise pas, c'est bon pour moi, mais je ne peux me permettre de persécuter une personne qui pratique l'homosexualité, c'est son choix, et il a sa place dans la société. Mais la seule chose que je sache, c'est que la loi évolue avec la société, voilà ce que l'Église doit comprendre», soutient un étudiant en sciences de l'éducation. Des chansons évangéliques ont été diffusées sur tout le parcours, entonnées par les pasteurs, comme guides, suivis des fidèles de leurs églises respectives, et la marche a pris fin aux abords de la place Dumas de Jérémie.