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Le Nouvelliste

Covid-19/5 mois après les premiers cas : soulagement des autorités, reconnaissance de l’OMS… la lutte continue

Aug. 17, 2020, midnight

16% des ressortissants haïtiens provenant de la République dominicaine sont testés positifs au coronavirus. « C’est un chiffre énorme », a fait savoir le Dr Jean William Pape, co-président de la Commission multisectorielle de gestion de la pandémie de la Covid-19 (CMGP). En marge de la conférence de presse « des cinq premiers mois » de la Covid-19 en Haïti, organisée le lundi 17 août à l’hôtel Montana, le directeur des centres GHESKIO affirme que « ce sont ces cas qui alimentent la Covid-19 en Haïti ». Présents au moins sur deux points frontaliers haïtiano-dominicain (Malpasse, Ouanaminthe), les centres GHESKIO enregistrent aux côtés d’autres institutions ces chiffres alarmants. En comparaison aux cas importés détectés dans les aéroports internationaux, le Dr Pape précise : « S’il y a 100 personnes infectées 85% sont enregistrées à la frontière ».  Après un article du journal révélant « d’où venaient les nouveaux cas importés » à la suite de la reprise des vols réguliers en Haïti le 30 juin dernier, le ministère de la Santé publique et de la Population ne communique plus sur les nouveaux cas importés. Certains cadres du MSPP parlaient de dossier « sensible ». Les organisations de défense des droits des migrants présents sur les zones frontalières ont exprimé leur inquiétude par rapport au non-respect des mesures barrières, craignant une nouvelle vague de l’épidémie. Une enquête pour déterminer s’il y aura une nouvelle vague de la Covid-19 en Haïti Aux côtés des Dr Lauré Adrien et Nathan Zéphirin, respectivement co-président de la CMGP et coordonnateur de la cellule de crise du nouveau coronavirus, le Dr Jean William Pape a annoncé qu’une enquête séroprévalence nationale va être organisée pour déterminer si Haïti fera face à une nouvelle vague de la pandémie. On va mener une enquête pour savoir le pourcentage de personnes qui ont été exposées au virus. «S’il y a plus de 50% de la population qui ont été infectées, on est certain qu’on n’aura pas une deuxième vague », a argué le médecin qui fait appel déjà à la collaboration de la population. « C’est important pour nous et c’est essentiel de le faire », a-t-il ajouté. La France a fait don à Haïti de près de 40 000 tests sérologiques. L’enquête n’a pas encore débuté en raison du fait que les tests ne sont pas encore validés par le Laboratoire national et les centres GHESKIO. « On a déjà commandé les tests de validation. S’ils sont livrés cette semaine et que les tests sérologiques se soient révélés valides, on pourra démarrer l’enquête la semaine prochaine », a avancé le Dr Pape, soulignant que le personnel médical, le personnel enseignant et autres groupes de la société feront partie des publics cibles. Le directeur général du MSPP a, pour sa part, exprimé son soulagement du fait que l’épidémie n’a pas causé de dégât dans le pays. « On n’aimerait pas arriver à 200 morts », a confié le Dr Lauré Adrien, affirmant que la plupart des 196 personnes décédées présentaient au moins une comorbidité. Elle est fatale pour les gens qui ont une maladie associée. Les différentes modélisations au sujet d’Haïti avaient prédit une catastrophe. Elles prévoyaient que 10 à 20% des personnes infectées allaient être hospitalisées dont une grande majorité allait nécessiter des soins critiques. Il n’y a pas eu même 1% qui a été hospitalisé. Le DG du MSPP a cru que les mesures gouvernementales qui ont été prises ont fortement joué pour nous épargner de l’hécatombe qui se profilait à l’horizon. Pour une fois, selon lui, l’État a consenti des efforts considérables en investissant avec les fonds publics de fortes sommes pour doter le pays de 16 générateurs d’oxygène et 20 appareils de radiographie. Par ailleurs, le Dr Adrien en a profité de l'occasion pour saluer la collaboration du secteur privé dans la lutte contre le nouveau coronavirus dans le pays. « On a fait une expérience d’un partenariat public-privé non formel qui montre que dans des situations exceptionnelles, on peut s’entendre pour le bien de la communauté », a-t-il précisé. En dépit de la diminution des cas, le Dr Nathan Zéphirin soutient que le MSPP continue de travailler sans relâche pour continuer à lutter efficacement contre la Covid-19. En réaction de la reconnaissance de l’approche d’Haïti dans le traitement domiciliaire des cas covid-19 par l’OMS, le Dr Zéphirin martèle : « est plus facile pour nous en Haïti de critiquer les gens que de valoriser leurs œuvres. »  « Cela prouve qu’il y a des techniciens en Haïti qui peuvent accomplir de grandes choses qui peuvent servir d’exemple », a-t-il confié, rappelant que l’approche basée sur la réponse communautaire dans le lutte contre le choléra a aussi fait l’objet d’étude dans des universités en Afrique.