Le Nouvelliste
Covid-19 : L’Unesco lance des débats virtuels sur l’utilité de la science dans la gestion de la crise et de l’après-crise...
July 2, 2020, midnight
« L’organisation de cette série de Webinaires relève de la vision de transformer la crise de la Covid-19 en Haïti en une opportunité d’initier un débat constructif sur le rôle de la science et de la recherche ; une démarche de mobilisation de systèmes de connaissances locaux pour créer des synergies avec la science pour relever les défis du développement durable, et mieux orienter l’élaboration des politiques publiques », a fait le tour Pilar Alvarez-Laso, faisant le plaidoyer pour la question de « la science ouverte » qui peut être, selon elle, un véritable changement de cap sur la réalisation du droit à la science et la réduction des écarts au sein de la société, en matière de science, de technologie et d’innovation. Saluant l’initiative, la titulaire du MSPP, Marie Gréta Roy Clément, a fait le tour des activités du gouvernement dans le cadre du plan de réponse à la crise sanitaire. Elle évoque un ensemble d’autres actions à mettre en place pour aborder les problèmes. Tout en félicitant également l’organisation de l’activité tenue par l’Unesco, le ministre de la Culture, Pradel Henriquez, a estimé que l’une des conséquences de cette crise mondiale a été de nous rappeler à tous, dirigeants et simples citoyens, l’importance de la science. « En tant que ministre de la Culture et de la Communication, j’ai, dès le début de la crise, attiré l’attention de la nation sur l’importance de la science », a avancé le dirigeant, qui n’a pas manqué de souligner les efforts du pouvoir en place pour limiter les dégâts, du 19 mars à nos jours. M. Henriquez a rappellé que la recherche et l’accessibilité des données scientifiques sur le virus permettent de comprendre le nouveau coronavirus, sa propagation et ainsi adopter les moyens de prévention les plus efficaces. « En tant que ministre de la Culture et de la Communication, avec d’autres collègues du gouvernement, nous avons pris un ensemble de mesures pour engager la population à appliquer les recommandations qui sont basées sur des faits scientifiques », avance le ministre, qui en a profité pour annoncer la tenue d’une campagne de vulgarisation scientifique de concert avec l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Il s’agira, précise-t-il, de mettre le savoir à la portée d’un large public dans tous les domaines de la connaissance et plus particulièrement en science. Ketty B. Accou… : « Il devient urgent de regrouper la science et la société » Avant d’introduire les intervenants, la professeure à l’Université Quisqueya, Ketty B. Accou, a rappelé l’urgente nécessité de connecter la science avec la société. Pour elle, la crise sanitaire nous montre, plus que jamais, l’importance de la science. Selon Mme Accou, il faut une communication des actes scientifiques et académiques, une manière d’accompagner les citoyens qui doivent bien comprendre le rôle de la recherche, la mise à profit des scientifiques, pour pouvoir éclairer leurs choix personnels, politiques, entre autres. « Au moment des crises, les résultats de la science doivent être accessibles pour faire face aux défis du XXIe siècle », a-t-elle fait savoir. Plus que par le passé, la science doit être capable de jouer son rôle dans la recherche de solutions de certains des problèmes mondiaux les plus urgents, selon la professeure, plaidant en faveur du renforcement de la coopération scientifique internationale, intercontinentale et nationale. Elle prône par ailleurs une bonne relation entre les chercheurs nationaux et les décideurs, les industriels, professionnels de la santé, de l’éducation, de la société civile, pour une approche multidimensionnelle de la lutte contre le virus, car la science et la recherche doivent être les moteurs du changement pour préparer l’après-Covid-19. Professeur Samuel Pierre : « Pas d’investissement public et privé dans la recherche en Haïti » Dans ses propos, le professeur Samuel Pierre a abordé le contexte international de recherche, le contexte national de recherche, la synergie internationale et la coopération académique, l’état des ressources scientifiques en Haïti, l’état des politiques en matière de sciences. Pour le chercheur, c’est à la science qu’on a confié le mandat de trouver des solutions à la crise. Néanmoins il constate que dans le cas des pays en développement, il y a très peu d’investissements publics en matière de recherche. Haïti, malheureusement, n’échappe pas à cette réalité. « Il y a une quasi-absence du secteur privé dans le financement de la recherche ». Samuel Pierre a soutenu que l’État haïtien, du moins, tous les gouvernements qui se sont succédé, n’ont pas accordé d’importance à l'investissement en matière de recherche. Il y a une indisponibilité de fonds public ou privé pour financer les activités de recherche dans le pays, déplore celui qui a toutefois salué, au passage, le fonds de recherche créé récemment par la BRH, pour les recherches notamment dans le domaine économique. C’est un geste important devant motiver d’autres à lui emboîter le pas, croit le professeur, qui encourage l’État à favoriser le développement de la connaissance, pour qu’Haïti puisse s’épanouir. Le professeur Pierre a salué aussi certaines activités de recherche entreprises en Haïti financées par des organismes internationaux (dont UNESCO, AUF, BID…) Paul Antoine Bien-Aimé : « La science est le socle inébranlable du développement de la société » Docteur en sociologie, Paul Antoine Bien-Aimé est actuellement directeur de la section de Coopération au sein du rectorat de l’UEH. Pour lui, il faut utiliser la science pour préparer l’après-Covid-19 dans le pays. « On attend de la science une contribution irremplaçable dans le processus d’identification des priorités, dans le cadre des préparations de l’après-Covid-19. En dépit de l’état d’inorganisation de la communauté scientifique et de la faible reconnaissance de la compétence scientifique dans le pays, la science est appelée à contribuer à l’identification des priorités de l’après-crise», soutient Paul Antoine Bien-Aimé. « Urgence d’une connaissance scientifique de la vie ordinaire des gens du monde de l’exclusion en Haïti, la construction des savoirs locaux en tant qu’objets scientifiques à part entière (notamment la médecine traditionnelle dont l’utilisation a été populaire dans le cadre de la prévention et du traitement du virus), la problématique de l’accès à l’eau dans une grande partie des sections communales du pays, les risques et leurs gestions en Haïti », constituent les quatre priorités sur lesquelles, selon lui, les acteurs doivent réfléchir et agir. « Relancer l’économie, garantir la sécurité alimentaire, mieux s’approprier la technologie, notamment l’intelligence artificielle, assurer la continuité de l’éducation, l’implication des femmes en sciences… sont entre autres les thèmes qui seront explorés au cours de cette série qui fera intervenir des experts et scientifiques du milieu académique et professionnel », a annoncé Pilar Alvarez-Laso.