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Le Nouvelliste

17 Avril 2020

April 16, 2020, midnight

Nous ne tirons aucune vanité d’avoir lancé l’idée de placer l’humain, au centre des intérêts de la nouvelle société haïtienne à créer, avant même que les longues, douloureuses épreuves de la propagation du Covid-19 enseignent au monde le sens profond de la famille, de la fraternité et de la solidarité. C’est, d’ailleurs, par conviction idéologique et doctrinale, que le projet politique, de société du Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP) : «Changer la vie en Haïti», s’articule autour la famille, d’un remembrement de cette - plus petite, mais, fondamentale - cellule des sociétés humaines. Elle s’est imposée, comme lieu symbolique et concret de convergence de la personne humaine, comme point de ressourcement aux valeurs, normes et règles sociales, à travers les mesures de confinement imposées pour tenter d’endiguer la propagation dévastatrice de cette pandémie. Ce n’est pas par pur et simple hasard qu’une «petite maison, verte et blanche» symbolise le projet de société du RDNP. C’est le message iconique de notre vision programmatique de respecter, entre autres, le droit au logement, à la propriété privée, comme un des attributs fondamentaux de la citoyenneté et de la dignité humaine. Dans la mesure où notre conviction idéologique nous permet de prévoir que l’accès à la propriété renforce le sentiment d’appartenance sociale et commande des comportements sociaux responsables. Ce qui nous porte à jeter un regard accusateur et sévère, sur les exécrables conditions d’existence dans lesquelles végète la grande majorité de la population haïtienne, rendant difficile, voire, impossible le strict respect des consignes de confinement, de propreté, de salubrité, indispensables à sa survie, aujourd’hui.   Comment demander, en toute humanité et en toute logique, aux habitants de nos nombreux et vastes bidonvilles, de nos quartiers construits en dehors des normes urbanistiques, d’éviter la promiscuité dans les rapports sociaux quotidiens ? Comment enseigner la simple propreté corporelle à ces citoyennes et citoyens quand ils n’ont pas accès à l’eau courante, voire, à l’eau potable ? Comment les demander de se confiner chez eux quand ils sont à la rue, du matin au soir, pour échapper à l’étroitesse, à l’exiguïté de la chambrette leur servant de toit, quand ils ne sont pas sans domicile fixe ou simplement sans abri ? Sont à la rue et dans les rues, pour fuir les persécutions, les atrocités des bandits armés contaminant, polluant  leur environnement social immédiat ? Pour rechercher, quotidiennement, fort souvent, vainement, les maigres moyens matériels, financiers ou économiques pouvant assurer leur survie ? Comment demander à cette masse de citoyennes et citoyens, gardée dans l’enfer de l’ignorance et de la misère, de comprendre  l’intelligibilité des messages, les notions abstraites, de survie face à une pandémie qui déroute les experts, les scientifiques du monde entier ? Les déclarations poignantes d’une mère de famille, marchande installée dans la rue, expliquant, dans une vidéo devenue virale, à travers les réseaux sociaux, que le choix du confinement à la maison est synonyme d’une mort aussi atroce que celle provoquée par le Coronavirus. Pour dire que respecter cette consigne signifie : « crever et mourir de faim», pour elle et pour les nombreux membres de sa famille sous sa seule dépendance.     Ainsi, la propagation du Coronavirus doit nous révéler à tous les injustices et iniquités de la société actuelle, découlant de la disparité, excessive et monstrueuse, dans la répartition des maigres ressources nationales, de l’inégalité méchante et criante des chances, de la trop grande inégalité dans les revenus, de la persistance de la misère, de la mauvaise gouvernance, de l’instabilité politique. La gestion de cette catastrophe humaine et celle de la débâcle subséquente doit révéler la meilleure part de l’être haïtien comme de la pire, doit fournir une aune pour mesurer notre humanité et notre capacité de réorienter ou d’adapter nos comportements, nos attitudes, nos actions en fonction des nouvelles données politiques, économiques et, surtout, sociales. Aussi sommes-nous, plus qu’hier, convaincus que la régénération de notre société doit s’inscrire dans l’exécution réelle de politiques publiques axées sur la dignité, la fraternité et la solidarité humaines. C’est pourquoi, depuis pas mal de temps, nous consacrons nos éditoriaux au réveil citoyen et patriotique dans cette perspective de remembrer les familles pour une meilleure éducation des jeunes enfants. Dans celle de rassembler les citoyennes et citoyens, de bonne foi, de bonne volonté et de bon commerce, en vue de ce sursaut qualitatif et quantitatif dans la direction du chemin et des chantiers de l’espérance.  Guerriers de lumière, forces vives et saines de la Nation, pouvant se constituer en «Magistratures morales», nous ne devons pas abandonner le sort du pays aux bandits légaux, aux gangs armés, qui ont pris gout à la violence aveugle, à la corruption, au népotisme, à l’archaïsme qu’ils veulent ériger en normes sociales et maintenir en système d’organisation politique du pays.    Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP