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Le Nouvelliste

Dépôt d'une plainte collective par les parents des enfants victimes d'abus sexuels à Beaumont

March 4, 2021, midnight

Nous sommes le 10 octobre 2020, à Beaumont, où le directeur du collège La Prophétie, Monsieur Jean Arnel Desrosiers, a annoncé sur les ondes de l'une des stations de radio de la ville de Jérémie que son établissement scolaire risque la faillite économique suite au grave constat d’une quarantaine de jeunes filles mineures en état de grossesse précoce. Cette information allait vite ranimer de vives préoccupations au sein de la communauté, jusqu'à mobiliser toute la chaîne de protection des droits de l'enfant (IBESR, IDETTE, OPC, GTPE, BPM), notamment la protection de ces jeunes filles vulnérables. Ces institutions ont tout de suite diligenté une enquête auprès des concernés, laquelle a confirmé des faits à 100% . Quatre mois après la révélation fracasante du directeur, sept des parents des victimes ont décidé de porter plainte contre les agresseurs, pour viol et agressions sexuelles devant le commissaire a.i. du parquet de Jérémie, Me André Marie Pyram. Ils veulent forcer l'État à prendre ses responsabilités vis-à-vis des enfants. IDETTE, une organisation de défense des droits de l'enfant, basée à Jérémie, vient de publier un rapport préliminaire d’entretien avec ces mineures et jeunes filles enceintes de ladite commune. Selon ce rapport, 56 des mineures et jeunes filles enceintes interviewées dans le cadre de l’entretien indiquent avoir été dans l’obligation d’avoir des relations avec soit un autre jeune garçon soit un homme beaucoup plus âgé du fait qu’elles n’avaient pas de quoi satisfaire leurs besoins quotidiens. Toujours selon le rapport, les hommes adultes, âgés entre 24 et 50 ans, ont profité grandement de la naïveté et de la précarité économique des parents de des mineures et jeunes filles pour les abuser et les abandonner par la suite. «Trente-trois d'entre elles ont avoué avoir eu des relations informelles avec des jeunes pour les avoir supportées soit pour le transport à moto ou pour le paiement d’un plat chaud et/ ou pour satisfaire leurs pulsions sexuelles. Ces liaisons n’ont pas pu tenir du fait qu’elles n’ont pas la maturité nécessaire. Trois des mineures ont subi le viol collectif et n’ont jamais reçu des soins nécessaires et l'accompagnement, dont un cas d’abus de confiance», lit-on dans ce rapport. «Sur les 92 mineures et jeunes filles enceintes rencontrées, seulement 5 ont bénéficié du support du père de l’enfant. Les 87 autres sont laissées pour compte avec pour seul support la maman ou le papa à la maison», constate l'organisation. En décembre 2020, le Groupe de travail de protection de l'enfance (GTPE), dans la Grand'Anse, avait organisé un atelier spécial afin de pallier cette situation dans la commune de Beaumont. Il est à noter qu'Haïti a ratifié la Convention internationale relative aux droits de l'enfant (CIDE). Dans l'article 34 de ce document contraignant on peut lire : «Les États parties s’engagent à protéger l’enfant contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle».