Le Nouvelliste
Des partis politiques de l’opposition rejettent les déclarations de Kelly Craft sur un éventuel dialogue avec Jovenel Moïse
Oct. 7, 2020, midnight
Si l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Kelly Craft, a confié que dans quatre à cinq jours il y aurait des rencontres entre le président Jovenel Moïse et l’opposition sur la crise politique, les principales organisations politiques de l’opposition indiquent que cette rencontre ne les concerne pas. Dans une prise de position commune, les opposants au pouvoir en place rejettent toute idée de dialoguer avec le chef de l’État. « Il n’y pas de négociations en cours entre le pouvoir et l’opposition », ont soutenu des organisations politiques comme la Fusion, l’OPL, le Secteur démocratique, VERITE, INITE, INIFOS, AAA, Veye yo. « Les partis politiques de l’opposition démocratique travaillant ensemble pour trouver une issue durable à la crise multidimensionnelle que traverse notre pays ont eu la surprise d’apprendre que le président de la République a induit en erreur l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique auprès des Nations unies, Madame Kelly Craft, en lui faisant croire qu’il avait reporté de quelques jours une rencontre avec eux », écrivent ces organisations politiques dans une prise de position commune. « Ces partis tiennent à rétablir la vérité et à faire connaître à la nation, à la communauté internationale en général et aux pays amis d’Haïti en particulier qu’il n’y a pas de négociations en cours entre le pouvoir et les partis politiques de l’opposition », ont soutenu ces structures politiques de l’opposition. Elles croient qu’aucune solution durable ne saurait être trouvée sans la participation effective des démocrates qui mènent depuis de nombreuses années la lutte pour le respect de la Constitution et des lois de la République y compris « l’échéance constitutionnelle du 7 février 2021 qui marque la fin du mandat du président » « Il est urgent que les démocrates haïtiens s’entendent [...] en vue de remettre notre pays sur les rails de la démocratie. Un dialogue sérieux sans faux-semblant et sans exclusion entre ceux qui veulent réellement un retour au fonctionnement normal des institutions est indispensable. C’est un passage obligé pour créer les conditions que les Haïtiens puissent décider d’un commun accord des modifications qu’ils souhaitent apporter à leur Constitution et des mécanismes crédibles et consensuels pour choisir librement leurs futurs dirigeants. C’est un passage obligé pour sortir notre pays du cercle vicieux de l’instabilité politique chronique qui entrave son développement et qui fait de lui une menace pour ses voisins », ont affirmé ces organisations politiques. Ces structures politiques de l’opposition concluent leur déclaration en disant que « la situation chaotique créée par la mauvaise gouvernance et les dérives dictatoriales du gouvernement actuel font que toute manœuvre visant à exclure les acteurs majeurs de la classe politique et de la société civile de la recherche d’une solution durable est vouée à l’échec et ne fera que prolonger inutilement les souffrances du peuple haïtien ». Le parti Fanmi Lavalas abonde dans le même sens que ces organisations politiques. « Il ne peut y avoir de dialogue avec Jovenel Moïse », a soutenu Joël Vorbe. Il affirme que Fanmi Lavalas n’a rien à voir avec les déclarations de Kelly Craft. Lors de son intervention à la réunion du Conseil de sécurité, lundi 5 octobre 2020, l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Kelly Craft, avait déclaré qu’à cause du décès du père de Jovenel Moïse, « les rencontres avec les partis de l’opposition sont retardées de quatre à cinq jours » « Durant ma conversation samedi avec le président Moïse, je l’ai exhorté à réaliser les élections aussitôt que ce sera techniquement faisable, de façon à rétablir le Parlement », avait indiqué Kelly Craft. Le Conseil électoral provisoire nommé le 18 septembre dernier par le chef de l’État n’a toujours pas prêté serment devant les juges de la Cour de cassation.