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Le Nouvelliste

Le CSPJ a célébré son huitième anniversaire sur fond de crise

July 8, 2020, midnight

Le 3 juillet 2012, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a été officiellement installé comme l’organe d’administration, de contrôle, de discipline et de délibération du pouvoir judiciaire, conformément à la loi du 13 novembre 2007. « Ce 3 juillet est donc une date historique pour le peuple haïtien dans son ensemble », estime le président du Conseil, Me René Sylvestre. Même si la Covid-19 a empêché une cérémonie solennelle à l’occasion de ces huit ans, le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a commémoré symboliquement cette date. Cette étape, selon lui, a été la victoire du peuple vers une justice indépendante et impartiale, avec, poursuit-il, des magistrats honnêtes, intègres, compétents et diligents. Alors que le chiffre huit traduit la vérité, l’intégrité, l’indépendance, la justice, entre autres, le président du CSPJ croit que cette coïncidence place ses pairs face à leurs décisions, leur comportement, et leur conscience. « Elle nous contraint à nous interroger sur ce que nous avons fait pour développer la justice haïtienne. […] Avez-vous toujours respecté les règles déontologiques qui caractérisent le métier de magistrat », demande-t-il aux magistrats. Me René Sylvestre s'est prêté à un jeu rétrospectif sans se dédouaner de ses responsabilités. « Des musiciens ont perdu leur partition, un grand nombre d’instruments sont désaccordés, et le public est fatigué de la cacophonie qu’on donne en spectacle », ajoute-t-il. En conséquence, le CSPJ ne peut pas célébrer ce huitième anniversaire avec fanfare et tambour battant. Cette fête, comme l’a été le début de cette année judiciaire, est sombre. « Toutefois le CSPJ travaille sans relâche pour redorer le blason de la justice, en prenant des initiatives murement réfléchies depuis plusieurs années », garantit l’ancien commissaire du gouvernement près la Cour de cassation. Le processus de recrutement, la formation initiale et continue, le renforcement de la direction des affaires administratives et du budget ainsi que de la direction de l’inspection judiciaire témoignent des efforts du CSPJ de fournir des services de qualité. De plus, a enchaîné Me René Sylvestre, le CSPJ travaille sans relâche pour assainir la magistrature. En ce sens, les plaintes déposées contre chaque magistrat sont traitées minutieusement, et, au besoin, les sanctions s’ensuivent. Toutefois, il reste encore des défis à relever pour donner à la justice du pays ses lettres de noblesse. Des magistrats sont entre-temps insatisfaits de leurs conditions vu leur statut. Des associations manifestent depuis des années pour l’indépendance effective de ce pouvoir. Mais l’écho de leurs revendications laisse trop souvent l’exécutif de marbre. Le dernier mot d’ordre de grève générale des magistrats a été levé 48 heures avant le huitième anniversaire du CSPJ et a duré quatre semaines. Le président dudit Conseil n’a pas raté l’occasion de féliciter le CSPJ qui a «mis tout son poids dans la balance en vue de trouver […] un consensus acceptable devant mettre fin à la grève». Me René Sylvestre n’a pas manqué d’évoquer le nœud gordien du système. « L’administration d’une justice saine et impartiale par des juges à la hauteur de leur tâche, le poids de la corruption sur le système, le problème de la comparution immédiate des détenus ou le respect des procédures. Les problèmes du système judiciaire sont complexes et multiformes, loin d’être différents des difficultés auxquelles font face au quotidien les autres institutions étatiques de la République », a-t-il regretté. Mais le CSPJ rassure de sa volonté d’apporter des solutions aux problèmes identifiés et de nettoyer les écuries d’Augias. « La certification des juges et leur évaluation continue, a fait savoir le président du CSPJ, seront, en quelque sorte, le nouveau cheval de bataille de l'institution ». L’heure n’est pas à la fête, témoigne René Sylvestre. Le temps devrait être consacré à de profondes réflexions embrassant surtout les obstacles du pouvoir judiciaire, codépositaire de la souveraineté nationale. « En ce jour mémorable du 3 juillet 2020, je formule le souhait que ce huitième anniversaire fournisse, aux Haïtiennes et aux Haïtiens, un nouveau prétexte pour comprendre que la transformation sociale, la paix profonde, la revitalité de l’économie nationale, objectifs caressés par tout un chacun, ne pourront jamais voir le jour sans une justice forte et digne des aspirations de nos ancêtres dans la lignée de l’héritage légué par l’empereur Jean Jacques Dessalines », a dit Me René Sylvestre.