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Le Nouvelliste

L'Université d'Etat d'Haïti appelle à l'aide

Aug. 18, 2020, midnight

La cérémonie s’est déroulée en présence du Premier ministre Joseph Jouthe et d’autres membres de l’administration publique, de certains responsables de la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants d’institutions publiques haïtiennes (Corpuha), de doyens des différentes facultés de l’UEH, d'étudiants et d'autres acteurs de la communauté universitaire, notamment d’autres universités publiques et privées. D’entrée de jeu, le président de la commission centrale, le Dr Dieuseul Prédélus, a salué l’entrée en fonction du nouveau conseil exécutif issu d’un processus électoral réalisé sans heurts ni contestations. Ce dernier a félicité l’implication et l’engagement des différents acteurs qui ont compris la nécessité d’aller jusqu’au bout dudit processus dans l’intérêt de l’institution. Tout de suite après lui, c’est le tour du secrétaire général de l’UEH Wilson Dorlus d’expliquer, point par point, tout le déroulement du scrutin jusqu’à la proclamation des résultats et la présentation des vainqueurs de ces élections que  le professeur Hérold Toussaint a perdu pour le poste de vice-recteur aux affaires académiques qu’il souhaitait occuper de nouveau. L’ancien vice-recteur sortant a salué l’arrivée de celui qui va le remplacer à cette fonction, Jean Poincy, qui avait occupé le fauteuil du vice-rectorat auparavant. C’est un Hérold Toussaint doté d’un sens de « fair-play » qui a reconnu sa défaite et qui n’a pas manqué d’exprimer son enthousiasme pour avoir exercé ce rôle au sein de cette institution où il a formé plusieurs générations de jeunes. Docteur en sociologie, M. Toussaint, soulignant le contexte difficile de travail de cette boite, est revenu sur sa capacité à transcender, les divergences dans l’intérêt du bien commun que constitue l’UEH. Lui qui a initié et défendu quelques nouveautés apportées durant son passage à  l’UEH, dont le cours « Université, citoyenneté et société », il appelle les doyens des facultés à ne pas boycotter ses efforts pour la bonne marche de l’université. L’UEH appelle au soutien de tous les acteurs... Pour sa part, dans un discours fleuve, l’ancien et nouveau recteur Fritz Deshommes a salué le travail de la commission électorale qui a tenu, selon lui, des élections saines, modèles et transparentes, selon la charte électorale et les règlements de l’UEH. Il a souligné la volonté du nouveau conseil de faire l’essentiel pour que l’université d’Etat puisse améliorer et poursuivre son rôle, en continuant à servir la jeunesse, le pays et la nation. Le recteur Deshommes revient sur un ensemble de contraintes auxquelles s’expose l’université (qui peut à peine accueillir moins de 20%, soit environ 10 000 nouveaux étudiants sur environ 50 000 postulants inscrits par année) depuis des lustres. Le responsable est conscient des mauvaises conditions de travail des étudiants, des professeurs et des membres du personnel administratif. Le dirigeant revient sur un plan de réforme, plans stratégiques, de programmes et de beaux projets nourris par les responsables au sein de l’institution qui, pour la plupart, peinent à se réaliser. Beaucoup de professeurs dont on exige un certain grade académique, de la compétence et de l’expérience, tendent à se décourager, puisque leurs conditions de vie se dégradent, notamment leur pouvoir d'achat dans le contexte de dévaluation de la monnaie locale. Il est important, croit le recteur, de renforcer la motivation des professeurs qui constituent des ressources pour l’université et pour le pays. C’est la même situation pour le personnel administratif dont les membres n’arrivent pas à s’occuper de leurs familles correctement.   Le recteur a attiré l’attention sur le fait que l’UEH constitue l’une des rares institutions de l’Etat où des dirigeants n’ont pas de véhicule de service, ni de véhicule de fonction à leur disposition. C’est également l’une des rares institutions de l’Etat où la majorité des fonctionnaires ne reçoivent pas une carte de débit, et ceux qui en bénéficient peuvent y trouver de l’argent tous les six mois. À l’UEH, il arrive, selon Fritz Deshommes, que recteur, vice-recteurs, doyens, vice-doyens et autres se sentent obligés de donner une partie de leur indemnité pour le fonctionnement de l’institution. En dépit des promesses et garantis de différentes autorités de l’Etat, pas grand-chose n’est réalisé. L’institution n’a toujours pas son campus, quoi qu’elle dispose d’un espace à Damien. La plupart des facultés terriblement endommagées par le séisme du 12 janvier 2010 attendent encore l’appui de l’État. Mais pour Fritz Deshommes, les défis auxquels l’UEH est confronté ne concernent pas seulement l’État. Toute la société est aussi concernée, précise-t-il, appelant à l’aide le support des entreprises, associations professionnelles et civiques, les ONG entre autres à apporter leur contribution. Il invite également les anciens étudiants de l’institution à se rejoindre pour venir en appui à l'alma mater, cette UEH dont le budget pour le dernier exercice fiscal a été revu à la baisse, soit plus de cent millions de gourdes enlevées).