Le Nouvelliste
Signature d’un accord sur l’affichage des prix et des transactions en gourdes
Sept. 22, 2020, midnight
Le gouvernement et les représentants des chambres de Commerce et d’Industrie du pays ainsi que des associations du secteur privé ont signé ce mardi un mémorandum d’accord sur la mesure d’affichage en gourdes des prix des biens et des services sur tout le territoire. Les ministres de l’Économie, du Commerce et des Industries, le gouverneur de la banque centrale, des représentants des chambres de commerce et d’industrie du pays, des chambres de commerce et d’industrie franco-haïtienne, américaine, haïtiano-canadienne ainsi que les associations d’industries du pays ont participé aux discussions menant à cet accord. Dans le cadre de ce mémorandum comportant cinq points, les chambres de commerce et d'industrie ainsi que des associations signataires s’engagent à demander aux entreprises commerciales et industrielles à libeller toutes leurs transactions en gourdes. Ce, conformément au communiqué 04 du ministère du Commerce et de l’Industrie en date du 31 août 2020, a indiqué le Premier ministre Joseph Jouthe. Parallèlement, son gouvernement s’engage à continuer dans la voie d’une gestion rigoureuse des dépenses publiques en vue de limiter le financement monétaire du déficit budgétaire, l’une des sources de l’instabilité du taux de change. Un consensus a été trouvé sur la spécificité de certains secteurs comme la réassurance et le tourisme, nécessitant des considérations particulières en ce qui concerne la monnaie de règlement de certaines transactions. Les parties s’accordent à mettre en œuvre un mécanisme de discussion inclusive au plus haut niveau, pour réformer les secteurs vitaux de l’économie, afin de réduire le poids de la subvention de l’État. Enfin, le gouvernement et les autres signataires de l’accord devraient définir un dispositif de dialogue permanent touchant les grandes mesures d’accompagnement à prendre concernant chaque secteur impliqué. « Ce mémorandum est l’aboutissement d’un dialogue ayant démarré le 4 septembre […] Dans la conjoncture actuelle, de telles attitudes constructives sont à promouvoir voire renforcer », estime le chef du gouvernement. Selon lui, l’imposition du dollar comme monnaie de transaction est contre nos intérêts supérieurs. Lorsque le paiement est exigé en dollars ou à défaut en gourdes à un taux excessif, dit-il, chacun est enclin à acheter des dollars et à les garder chez lui. Ces dollars ne sont donc plus disponibles dans les banques pour les transactions internationales. Cet accord, nous explique le Premier ministre, ne vise pas à entraver les libertés économiques, mais à faire valoir l’intérêt collectif, à savoir de rendre les dollars disponibles pour les entrepreneurs qui ont besoin d’importer, des particuliers qui font des achats en ligne, des pères et mères qui ont des enfants à charge à l’étranger dans le cadre de leurs études, ou autres. Ainsi, les mesures d’affichage en gourdes constituent pour le gouvernement un outil qui permet d’agir à très court terme sur une variable simple. « L’objectif est de rendre disponible le dollar américain pour les transactions internationales, où il n’y a pas d’autres alternatives. », a déclaré Joseph Jouthe. En outre, pour redynamiser la production nationale, un plan de remise de l’économie post-covid est en cours de finalisation, avec une emphase sur des mécanismes d’appui aux petites et moyennes entreprises, a fait savoir le Premier ministre. Pour Bernard Craan, représentant des signataires du secteur privé des affaires, la signature de ce mémorandum avec les représentants de l’État haïtien est un moyen d’assurer que l’affichage des prix s’effectue en gourdes. Une mesure normale, dit-il. La double circulation de monnaie devait être corrigée. Selon lui, la situation instable du pays depuis 2018 a empêché aux différents opérateurs d’afficher leurs prix en gourdes, conformément à l’arrêté de septembre 2018. Après le communiqué du ministère du Commerce, le secteur privé, a souligné Bernard Craan, commencé à discuter avec l’État haïtien sur la façon de le faire sans provoquer des ruptures de stock et d’autres problèmes tant pour les opérateurs que les consommateurs. « Nous sommes arrivés aujourd’hui à la signature de ce mémorandum », se réjouit-il. Cependant, il y a d’autres mesures qui sont prévues dans ce mémorandum qui devraient permettre de stabiliser le taux de change si tous les acteurs respectent leur engagement, estime l’entrepreneur. « Nous avons eu durant l’année 2019-2020 une augmentation du taux ayant avoisiné les 40% et ensuite une correction qui avoisine les 60%. Dans cette condition d’instabilité, il est difficile pour des opérateurs de fonctionner car ils ne s’y retrouvent pas le gouvernement non plus », a déploré M. Craan. Il croit donc qu’il est nécessaire d’arriver à stabiliser le taux de façon prévisible, pour bâtir les budgets et mener des affaires dans des conditions acceptables. Il n’a pas caché sa satisfaction face aux décisions prises par rapport au déficit et au financement du déficit, et par rapport aux efforts de prévisibilité des autorités pour permettre aux opérateurs de fonctionner dans un environnement propice aux affaires. Par ailleurs, le chef du gouvernement a rappelé que des sanctions sont prévues par la loi aux contrevenants de cette mesure. « Le ministre du Commerce saura comment les appliquer », lâche-t-il. Entre-temps, le dialogue devra continuer entre les membres du gouvernement et le secteur privé sur les mécanismes à mettre en place.