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Le Nouvelliste

Les constitutions n’ont jamais été appliquées, rappelle l’ex-député Rolphe Papillon

Jan. 11, 2021, midnight

L'ancien député Rolphe Papillon était l’invité du panel du week-end du dimanche 10 janvier. Il a déjà publié plusieurs articles dans lesquels il dit s’opposer au projet de doter le pays d’une nouvelle constitution. Au panel du week-end, il a fait un survol de  l’histoire des Constitutions haïtiennes. Au total, Haïti a déjà connu 22 constitutions. Selon Rolphe Papillon, chacune de ces constitutions a été mise de côté parce qu’elle a été jugée inapplicable. « Cela arrive chaque fois qu’on revient à une ancienne constitution jugée soudainement mieux adaptée. C’est ce qui s’est passé avec la Constitution de 1816, appliquée par le président Jean Baptiste Riché qui voulait revenir avec la présidence à vie. Cela a été la même chose en 1867. Moi, je dis que les constitutions ne sont pas inapplicables. On n’a jamais appliqué les constitutions. Elles n’ont jamais suffi aux Haïtiens. Nous n’avons pas un problème de constitution. Notre problème, c’est notre refus de nous soumettre à la loi », tranche-t-il.  L’ancien député affirme que les Haïtiens ont un problème de respect de la loi. « notre héritage colonial pourrait expliquer notre rapport avec l’Etat, de notre rapport avec la loi. Cela doit changer », appelle-t-il, répétant qu’on n’a pas un problème de loi ou de constitution.  Par ailleurs, Rolphe Papillon soutient que le projet de changer la Constitution de 1987 n’est pas celui du peuple mais de l’élite politique. « C’est le seul point d’entente entre Jovenel Moïse et l’opposition. D’ailleurs, l’idée n’est pas de Jovenel Moïse mais de l’opposition et de l’intelligentsia haïtienne. On n’est pas en train de se battre pour le respect de la constitution sinon pour savoir qui aura le droit de la violer et de la remplacer. Moi, je dis que le projet d’une réforme constitutionnelle ne doit pas être celui du Palais national ou de l’opposition politique. Cela doit être un projet national »,  soutient -il .  Sans détour, le parlementaire, pourtant proche de Jovenel Moïse, affirme s’opposer au projet de nouvelle constitution. « Je suis contre l’idée d’une nouvelle constitution. Il faut d’abord opérer des amendements. Le terme amendement est un anglicisme qui suppose des corrections au texte original. Par contre, avec un nouveau texte, on s’expose à tous les dangers. Les amendements permettront de conserver les acquis de 1946 et de 1987. Je précise que l’amendement n’est pas limitatif par définition. C’est déjà arrivé dans notre histoire où nous avons convoqué une Assemblée constituante pour effectuer un amendement. C’est arrivé en 1876, ou encore en 1971 », fait-il savoir.  Pour Rolphe Papillon, le projet actuel de nouvelle Constitution est une aventure de plus dont l’issue peut provoquer un chaos. « Une nouvelle Constitution n’est pas forcément synonyme de progrès. On a déjà vu les dégâts provoqués par des changements de constitution. La Constitution de 1806 a entraîné 13 années de guerre civile et la scission du territoire. Celle de 1846 a entraîné deux années de guerre civile. La Constitution de 1867 a débouché sur plusieurs années de guerre civile avec Sylvain Salnave », rappelle-t-il.  Concernant la représentation parlementaire, Rolphe Papillon s’en est pris à ceux qui suggèrent une réduction du nombre des députés. « Il n’y pas plus rétrograde, réactionnaire et dangereuse que cette idée. C’est un acquis constitutionnel pour lequel on s’est battu depuis 1816. À cette époque, on avait prévu un député par commune dans la Chambre des représentants. Cette disposition n’a jamais été appliquée. On a connu plus de progrès en ce sens à partir de la Constitution de 1987. On ne peut pas faire marche arrière sous prétexte d’économie. On peut réduire les dépenses et non le nombre de députés », argue-t-il.  Jean Daniel Sénat Nombre de caractères: 4124 | Nombre de mots: 719 | Lus sur le site : 0 -- Valéry DAUDIER Lic. en communication sociale/Journaliste Etudes de maîtrise en Population et Développement Assistant secrétaire de rédaction du Nouvelliste (509) 3769-9766