Le Nouvelliste
L'impossible décompte des victimes et dégâts à Saint-Louis du Nord
Oct. 8, 2020, midnight
Plus de 48 heures après, aucune autorité judiciaire et policière dans la commune de Saint-Louis du Nord ne sait avec exactitude ni le nombre de victimes ni l'ampleur des dégâts occasionnés par les actes de violence perpétrés lors des affrontements entre groupes armés, à la 6e section communale Lafague. Selon les Casec de la zone et quelques membres de la société civile, il y aurait plusieurs morts et des maisonnettes incendiées. Mais le décompte est pour l'instant impossible. Car Lafague est transformé en zone de guerre. Joint par téléphone pour savoir si un constat a été effectué, le juge de paix suppléant Johny David a répondu que c'est nous qui l'avons mis au courant de ces violences perpétrées dans la soirée du mardi 6 octobre 2020. Le magistrat, qui dit craindre la terreur des gangs armés qui pourraient s'en prendre à lui à n'importe quel moment, a évoqué l'impossibilité pour les juges de paix d'effectuer un constat légal de ce qui s'est passé. Même son de cloche du côté du juge Eden Lubin. Laconique, il a indiqué qu'aucun juge de paix ne pourrait se rendre sur ces lieux occupés par des bandits sans le soutien des policiers. Entre-temps, seules les Casec de la 6e section de Lafague informent de cet incident. Mais les membres du Casec n'habitent plus la zone depuis un certain temps. Ils l'ont fuit pour sauver leur peau, a-t-on appris d'une source digne de foi. Alors le bilan exhaustif sur l'ampleur des actes de banditisme est davantage impossible. Le commissaire du gouvernement, Bellamin Jean Velney, joint par téléphone, nous a promis un bilan dans les prochaines heures et qui servira de version officielle sur ce qui s'est passé. Faute de matériel roulant et d'effectifs, un soutien que la population et les magistrats n'en auront pas, Me Johny David explique que les policiers affectés au commissariat de Saint-Louis du Nord se plaignent tout le temps du manque de moyens. Il se dit aussi conscient que les bandits sont souvent mieux armés. À chaque fois que les agents de l'Unité départementale de maintien d'ordre (UDMO) basés à Port-de-Paix et ceux du Bureau de lutte contre le trafic des stupéfiants (BLTS), campés dans la zone de Lavaud, à proximité de Saint-Louis du Nord, tentent de mener des opérations, les bandits sont prévenus et ont fuie la zone. En août dernier, face à la nouvelle vague de banditisme à Saint-Louis-du-Nord, dans le département du Nord-Ouest, caractérisée par des viols, vols et braquage, un groupe de citoyens, voulant tirer la sonnette d'alarme, avait décidé d'organiser une marche contre l'insécurité. Une lettre, qui fait office de plainte, signée par plus d'une vingtaine d'habitants de la commune, a été déposée par-devant les autorités municipales et les responsables de la police et de la justice. Selon ces citoyens, les bandits sont passés des affrontements armés entre gangs rivaux et des exécutions sommaires aux attaques contre la population, dans leur résidence notamment, pour la dépouiller et commettre le viol. Aux abois, les habitants demandent aux autorités d'intervenir afin de mettre fin à leur cauchemar. Une deuxième marche est prévue dans le chef-lieu du département, Port-de-Paix, afin de demander au parquet et à la direction départementale de la PNH du Nord-Ouest de se saisir de la question, disent-ils, avant que les bandits ne se mettent à exécuter les gens comme bon leur semble. Les habitants de la commune subissent quotidiennement, depuis la fin du mois de juillet, des attaques en règle de certains bandits qui opèrent dans la zone. Parmi les actes les plus répréhensibles, l'entrée par effraction dans les domiciles des gens pour voler, violer et terroriser. Quand ils ne commettent pas des actes de viol, ces malfrats braquent les gens et tirent dans toutes les directions.