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Le Nouvelliste

« Il faut se tourner vers des notables pour former un gouvernement de résolution des crises », propose le professeur Auguste D’Meza

Jan. 26, 2021, midnight

Le professeur Auguste D’Meza répondait aux questions du journaliste Robenson Geffrard qui présentait, mardi soir, l’émission « Haïti, Sa k ap kwit » sur Télé 20. Fidèle à son style libre et catégorique dans ses prises de parole, le professeur affirme que cette crise que traverse le pays en ce moment est le résultat des rapports plutôt destructeurs que nos gouvernants ont développés avec les institutions de ce pays. « Les exécutifs (les gouvernements) qui se sont succédé ont travaillé à la destruction des institutions et l’élimination des pouvoirs », analyse-t-il, évoquant les faiblesses de notre système démocratique. Pour Auguste D’Meza, les débats contradictoires portant sur la fin ou non du mandat du chef de l’Etat au 7 février 2021 n’auraient pas lieu s’il n’y avait pas cette destruction des institutions qui devraient participer à l’équilibre du système démocratique. Toutefois, pour trancher sur le sujet, le professeur, qui se dit être du côté de la Constitution, croit que Jovenel Moïse doit reconnaître que son mandat arrive à terme le 7 février de cette année. Si, lors d’une intervention publique, au début de cette année, Jovenel Moïse avait annoncé que son pouvoir allait organiser les élections et procéder au changement de la Constitution, le professeur D’Meza, dubitatif, évoque une situation de clivage dans le pays et un déficit de légitimité qu'accuse le chef de l’Etat au fil de son mandat. « Le président roule sur une pente descendante », observe le professeur qui évoque une absence de crédibilité. Dans les prochains jours, le professeur craint un soulèvement de la population contre le pouvoir qui n’a pas pu livrer la marchandise. « Ce ne sont pas les acteurs politiques qui vont faire sortir la population », souligne-t-il. C’est cette dernière qui, à bout de souffle, aura décidé de le faire pour exprimer ses revendications et exiger le départ du président. Parmi les scénarios possibles, Auguste D’Meza croit que le président peut chercher à trouver un accord politique clarifiant la date de son départ. Autrement il reviendra à l’opposition, si elle disposera de la force nécessaire, de contraindre Jovenel Moïse à céder le fauteuil présidentiel. Néanmoins le professeur exprime une certaine méfiance par rapport à des acteurs de l’opposition qui visent la prise du pouvoir. « L’opposition va permettre de gagner la bataille politique. Mais elle ne peut pas prendre le pouvoir », déclare-t-il. Pour l’analyste, certains parmi les acteurs observés sur la scène sont contestables, et par conséquent, ils ne peuvent pas y prendre part. « La population ne leur fait pas confiance, même s'ils sont tolérés en raison de la lutte contre Jovenel Moïse », souligne le professeur, qui propose une ouverture vers des personnalités plus crédibles dans la société pour former un gouvernement de transition. « Il nous faut nous tourner vers des justes, des notables pour former un gouvernement de résolution des crises. Il nous faut des hommes et des femmes que nous arrivons, de manière consensuelle, à identifier comme des justes. Il y a encore des gens dans ce pays... », recommande-t-il.