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Le Nouvelliste

Contre qui le parquet doit-il engager des poursuites pour le drame des enfants tués ?

Feb. 17, 2020, midnight

Le décès de 15 personnes dont 13 enfants survenu jeudi, dans l’incendie de l’orphelinat de l’Eglise de la Compréhension à Fermathe, a fait les choux gras de la presse internationale. Les agences mondiales d’information ainsi que les puissants médias internationaux ont condamné le comportement de l’Etat haïtien dans ce drame. L’Unicef et les principales missions diplomatiques présentes à Port-au-Prince ont exprimé leur mécontentement face à la négligence des uns et des autres sur les circonstances de cette disparition. Au moment où les membres du personnel de l’orphelinat pleuraient la mort tragique des enfants vendredi matin, la directrice de l’Institut du Bien-être social et de recherches (IBESR), Arielle Jeanty Villedrouin, annonçait  que cette maison d’enfants n’était pas autorisée à fonctionner. Elle fait savoir que sur  754 orphelinats répertoriés par l’institut qu’elle dirige, seulement 35 répondent aux normes en vigueur au sein de l’IBESR. Haïti est classé parmi les Etats faillis depuis les crises politiques des années 2000 en raison de l’instabilité politique chronique et  du fonctionnement exécrable des institutions du pays. L’information révélée par Arielle Villedrouin, vendredi, quelques heures après le drame, justifie la faillite des institutions étatiques. Alors que ce cadre supérieur est à la tête de cet institut depuis huit ans, qu’elle a répertorié toutes les maisons d’enfants non autorisées à fonctionner, elle n’a pris aucune décision concernant les orphelinats non autorisés. Aucun suivi judiciaire n’a été engagé par l’Institut à l’encontre des orphelinats non autorisés qui continuent de fonctionner. L’institut du Bien-être social et de recherches n’est-il pas l’organe de régulation des orphelinats en Haïti ? Pourquoi Arielle Jeanty Villedrouin, directrice de l’Institut depuis belle lurette, se contente d’observer le fonctionnement des orphelinats non autorisés sans réagir ? Les mauvaises langues affirment que la multiplication des maisons d’enfants à travers le pays reste une affaire de gros sous. Il n’est pas dans la tradition de l’Institut d’engager des poursuites judiciaires contre des maisons d’enfants non autorisées quel que soit le degré d’insalubrité, de promiscuité constaté par les inspecteurs préposés à cet effet. Fallait-il que ce drame se produise pour que la justice se mette en branle contre la prolifération des orphelinats au grand dam du pays ? Le départ brutal de ces 13 enfants innocents ne saurait rester impuni. La directrice de l’Institut du Bien-être social et de recherches et les responsables de l’orphelinat de l’Eglise de la Compréhension ne devront-ils pas répondre aux questions d’un juge pour négligence et irresponsabilité ? lbonneau@lenouvelliste.com