Le Nouvelliste
Toute la dimension du Maître
Dec. 23, 2020, midnight
Il appartenait à cette catégorie d’hommes rarissimes pour qui la présidence n’est pas un sommet, parce que lui est un sommet. Par son caractère bien trempé dans l’acier, ses choix héroïques, par son parcours de militant de vocation, son évangile neuf et inondé de cette transcendance qui fait des Hommes pour l'éternité, Maître Gérard Gourgue a tutoyé le plus haut pic de l’Himalaya, du Kilimandjaro et du Macaya. Il s’était construit jusqu’au dépassement de soi parce qu’il était fortement persuadé qu’on ne peut prétendre montrer la voie salvatrice de l'avenir qu’en se dépassant. Comme les modèles de tous les temps, il n’a été riche que de son cœur, de son âme, de son esprit irréductible, de la lumière digne d’un patriarche ou d’un apôtre de la vérité. On répète souvent dans les plus grandes occasions que la fin de l’Humanité c’est de produire des hommes achevés. N’est-ce pas qu’il exprimait, durant des décennies, cette perfection de l’être, qui force l’admiration et le respect, et qui suscite un immense amour urbi et orbi ? Enfant farouche de ma patrie a-mortelle, j’ai aimé cet homme comme on peut aimer un archevêque de l’éthique, un pape de la lumière et des principes cardinaux. Cet homme exceptionnel dans tous les sens du terme représentait à lui seul une université pour les patriotes pur-sang et pour la jeunesse inspirée qui, à coup sûr, finira par dire le mot de la révolution et de la renaissance. A l’instar de maître Joseph Anténor Firmin et de l’illustrissime ambassadeur George Salomon, des responsables portant bien leur titre constitueront un gouvernement auquel ils donneront le Nom brillamment étoilé de Gérard Gourgue. Il est des dettes qu’on finit toujours par payer : le temps, la saison de la Conscience nous permettra de payer celle-là… Que le Dieu des immortels Rosalvo BOBO, Charlemagne Péralte et Jean Price-Mars nous y prépare dès aujourd’hui. Nous faisons appel à Dieu le Père et aux dieux tutélaires de la Cité, parce que la capacité d’honorer les grandes valeurs est classée parmi les choses les moins manifestes depuis un temps désespérément trop long, dans un pays mille fois crucifié. Eya-a-a ! Voici l’homme tel un enfant prodige, qui a le visa de tout dire de l’essentiel – et avec le ton incomparable de la conviction et du devoir. À gauche et à droite, gros bonnet et ti-machann, tout le monde savait qu’il était intouchable. Il dépassait de très loin l’éloquence de l’orateur percutant : il parlait haut et fort au nom de l’histoire, au nom d’une élite certaine qui ne baissait jamais les bras. Face à la dégénérescence innommable et aux malheurs achevés, il constituait une des meilleures digues pour contenir les débordements hyper diaboliques de la déchéance… Il était la force d’âme faite homme. Il était l’une des plus puissantes voix de l’énergie morale, toujours susceptible d’ouvrir la voie à l’espoir, quand des gouvernements enténébrés décidaient l’impensable ou l’inacceptable. Il était… Eya-a-a-a… l’introducteur des fins de règne, le rédacteur des premières salves de l’éspérance de tout un peuple en détresse. Il était Vous, il était moi, il était l’orateur des Combattants. Il était le porte-parole et le grand capitaine des bataillons sacrés de la patrie ! Le sceptre du maître doit être repris dans un court délai : le temps n’attend pas, même si l’autre -- un homme politique français qui avait péché contre Ayiti -avait dit : « Il faut donner du temps au temps ! » L’héritier ne s’improvise pas, il se révèlera, Dieu merci ! Les gardiens du Temple de la lumière et de l’esprit ont le devoir de travailler à la passation du signe du commandement. Chez les Amérindiens -- chez les Rouges ! – il existe un CONSEIL SUPREME DE LA NATION. « Lorsque la Vérité aura son audience » (pour répéter Wendell Phillyps, le Chantre du Premier des Noirs), lorsque la Vérité aura son audience, AYITI disposera d’un ‘‘Conseil Suprême de la Nation’’ ; autrement dit, la plus haute instance morale de la République. (Vous vous doutez bien que son aura sera plus rayonnante que la Cour Constitutionnelle). Alors, alors, le Porte-Parole de la Parole annoncera avec le faste qui sied bien à la circonstance que Maître Gérard GOURGUE est choisi post mortem comme le Premier Président du Conseil suprême de la nation !!! Il sera demandé à tous les évêques de la lumière de faire carillonner toutes les cloches du temple de l'esprit pour saluer l'étoile jupitérienne du grand maître de l'énergie morale. En vérité, en vérité, l’évangile de Maître Gérard Gourgue et sa mystique auront une place privilégiée dans la nouvelle civilisation haïtienne, celle de la renaissance, celle de la régénescence. Des espèces d’universités qui n’ont absolument rien d’universitaire fermeront leurs portes, et des hommes d’élite, en grande pompe, ouvriront dans l’allégresse la grande université Gérard Gourgue. Car les générations conscientes de leur devoir et de leur vocation sont tenues d’illustrer leurs responsabilités en honorant le parfum haut de gamme légué par les valeurs remarquables qui ont laissé leur empreinte sur les plus hautes échelles de l'Esprit et de la Lumière. Très adulé au Temple de Thémis, le Prédestiné Gérard Gourgue avait démontré pendant longtemps qu’il avait atteint TOUTE LA DIMENSION du Maître. Le droit était sa drogue, la droiture était son credo, et l’intrépidité des héros était son arme la plus redoutable. …L'éternel jeune homme qui te vouait un amour éthéré, n’emploiera plus l’imparfait ni le passé simple pour évoquer ta vie et tes vibrations majeures. L'homme qui appartient à l’éternité demeure éternellement présent. Ave Maitre Gourgue ! Il faudra le plus vite un autre Gourgue pour enfiler votre toge… Il lui suffira d’être digne de votre esprit irréductible et de votre proverbiale fidélité. Allez ! Faites passer le message ! Jean Claude D. Chéry 6H40 a.m. /9 décembre 2020 3716-8569/ 46556992/ jccherysambo9@gmail.com