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Le Nouvelliste

Le futur des relations haïtiano-dominicaines analysé par le nouveau ministre de l'Agriculture

Aug. 17, 2020, midnight

La journée du dimanche 16 août 2020 est historique pour la République dominicaine où a lieu un changement de régime sans heurt avec l'investiture du président Luis Abinader. Après 16 ans de règne sans partage, le Parti de libération dominicaine (PLD) passe le pouvoir au parti de l'opposition PRM (Parti révolutionnaire dominicain). Sans surprise, ce changement de règne suscite pas mal d'attentes, tant du côté haïtien que du côté dominicain. Limber Cruz, le nouveau ministre dominicain de l'Agriculture, et Fernando Capellàn, gros bonnet du monde des affaires et propriétaire du Grupo M, sont formels : l'avènement du président Abinader marque un tournant dans les relations haïtiano-dominicaines. « S’il y a un président pour qui l’importance d’Haïti pour la République dominicaine et vice versa est claire, il s’appelle Luis Rodolfo Abinader », a affirmé le ministre dominicain de l'Agriculture, Limber Cruz, dans une interview exclusive accordée à Le Nouvelliste dans la matinée du samedi 15 août, 24 heures avant la cérémonie de passation de pouvoir. Le ministre dominicain a ensuite confié avoir été témoin de l'appel de Luis Abinader au président Moïse pour, souligne-t-il, se mettre à sa disposition et pour lui faire savoir que la coopération, l’ouverture qu’il va y avoir au sein de ce nouveau gouvernement avec Haïti seront sans précédent. « Le peuple haïtien peut se rassurer et avoir la garantie que le nouveau président élu a les meilleures intentions pour les relations entre les deux pays », a déclaré Limber Cruz, rappelant combien son partenaire en affaires Fernando Capellàn et lui, durant des années, ont entretenu de bonnes relations avec Haïti. « Nous allons les étendre à tous les niveaux », a promis le ministre dominicain de l’Agriculture qui doit être assermenté par devant le président Abinader dimanche à la mi-journée au palais national dominicain. « Nous avons de grands espoirs que la coopération, le dialogue, la compréhension referont surface avec la République sœur, Haïti », a, pour sa part, avancé Fernando Capellàn en écho avec les propos du ministre Cruz, son associé en affaires depuis 30 ans et membre du conseil d’administration de la Compagnie de développement industriel (CODEVI), zone franche à la frontière Dajabón/Ouanaminthe. « Notre vœu le plus cher est que le président Moïse aussi bien que le président Abinader puissent s’asseoir et dialoguer et surtout écouter les secteurs productifs des deux pays », a poursuivi Capellàn, patron de CODEVI, qui ne jure, depuis des années, que par l'augmentation du nombre actuel des emplois à la frontière haïtiano-dominicaine. En effet, Fernando Capellàn se dit confiant dans le fait que la population dans le Nord d’Haïti a la possibilité d’obtenir le plein emploi. Il y a tellement d’opportunités, a-t-il indiqué, encore plus maintenant avec la situation géopolitique avec la Chine et les États-Unis, la pandémie provoquant la nécessité d’être près du marché américain, d’autant qu’Haïti peut compter sur une main-d’œuvre disponible n’attendant que de pouvoir se mettre au travail. Vantant l’aptitude du nouveau président Luis Abinader à écouter les secteurs, à écouter avec humilité les gens qui ont travaillé durant des décennies pour créer des emplois dans le secteur d’exportation générant des devises, l’homme d’affaires dominicain a appelé de tous ses vœux le président Jovenel Moïse à écouter « des gens avec des intentions avérées de création d’emplois et d’investissements comme nous à CODEVI ».   Selon Fernando Capellàn, Luis Abinader est un homme qui écoute. Il a démontré, à en croire M. Capellan, à travers le temps avoir compris l’importance des relations entre les deux pays et aussi il peut compter sur un grand chancelier, Roberto Alvarez, qui comprend et qui a visité en de multiples occasions la CODEVI. « Nous sommes dans cette disposition de coopérer, d’aider et aussi de renforcer nos entreprises, d’augmenter nos emplois en Haïti », a fait savoir Capellàn précisant qu’il n’est pas le seul dans cette dynamique car, précise-t-il, d’autres hommes d’affaires sont aussi intéressés par le marché haïtien, mais ils sont prudents. Pour les aider à se décider, le gouvernement d’Haïti doit, selon Capellàn, envoyer des signaux clairs de son engagement à favoriser les investissements directs étrangers. En ce sens, il dit avoir dressé, depuis des années, une liste de suggestions, de petites choses qui ne nécessitent même pas de ressources de l’État haïtien. Même après 18 ans en Haïti dans la communauté de Ouanaminthe, et 40 ans d’expérience dans le secteur du textile, Fernando Capellàn n’est pas rassasié et dit chérir de grands espoirs d'augmenter sur les cinq prochaines années le nombre actuel des emplois existants à CODEVI moyennant l’approbation du président Moïse des nouveaux terrains dont sa compagnie a fait l’acquisition récemment.