this used to be photo

Le Nouvelliste

Le CSPJ a auditionné le juge de paix Wilfrid Larivière suite à son agression sur la personne d’une greffière

Aug. 18, 2020, midnight

Une image montrant la greffière Yolette Florent avec du sang qui coulait de sa blessure sur la joue et un cordon de carte d'identification du ministère de la Justice autour du cou circule sur les réseaux sociaux peu de temps après l'incident qui est survenu le 13 août au sein même du tribunal de paix de Thomonde. Elle a été giflée par le juge titulaire du tribunal de paix Me Milfrid Larivière.  Le Nouvelliste a tenté en vain de contacter les protagonistes pour avoir leurs versions des fait. Toutefois les différentes associations dont ils sont membres, avec des différences dans le récit de l'altercation, ont confirmé que le « juge de paix Wilfrid Larivière a bel et bien dégainé son arme pour porter des coups au visage de la greffière Yolette Florent en présence de plusieurs témoins dans l'enceinte même du tribunal ». Justement c'est dans le film des événements que les différences sont criantes. Pour l'Association nationale des greffiers haïtiens (ANAGH), le juge de paix, faisant fi du mot du mouvement de grève lancé par les greffiers et huissiers, a décidé de confier le sceau du tribunal à un greffier ad hoc (d'urgence), ce qui n'est pas autorisé par la loi. La greffière Yolette Florent s'est interposée pour empêcher le magistrat de s'emparer du sceau. Le magistrat l'a rouée de coups à l'aide de la crosse de son arme à feu. Autre son de cloche de la part de l'Association des juges de paix d'Haïti (AJUPAH). Son président, Michel Dalexis, qui dit condamner l'action répréhensible du juge titulaire Wilfrid Larivière parce qu'il ne fait pas honneur à la magistrature, avance que la greffière s'est jetée sur le juge pour prendre possession du sceau qui est généralement gardé chez lui. Ce dernier ne voulait que sceller un acte dans son bureau.  Les deux associations ont demandé au CSPJ de mener une enquête impartiale afin de déterminer le degré de culpabilité du juge Wilfrid Larivière. Toutefois Martin Aimé, président de l'ANAGH, exige du commissaire du gouvernement de Hinche, Me Véliton Joseph, de mettre l'action publique en mouvement contre le juge pour « voies de fait, suivies de coups et blessures graves, de tentative d'assassinat avec commencement d'exécution, de menaces de mort, d'abus d'autorité par le juge de paix ».  La greffière a déjà porté plainte devant la justice pour cette agression subie. Toutefois le juge ne peut être arrêté que si le tribunal disciplinaire, après avoir statué sur sa culpabilité, décide de le renvoyer. Il n'aura « plus d'immunité et pourra être arrêté et jugé devant les tribunaux de droit commun mais pas avant », a précisé le juge de paix Michel Dalexis.  Pour sa part, la Direction de l’inspection judiciaire (DIJ) du CSPJ, qui avait convoqué le juge Wilfrid Larivière en vue de fournir des explications sur des faits graves relevés à son encontre, a rencontré ce dernier le vendredi 14 août . « Il a été auditionné par des inspecteurs judiciaires qui doivent aussi auditionner d'autres personnalités ainsi que la greffière afin de préparer leur rapport qui doit être soumis, sous peu, au secrétaire technique pour les suites nécessaires », a confié au Nouvelliste un responsable au CSPJ.  Pour l'instant, tout semble indiquer que le juge encourra une sanction. Le juge Jean Wilner Morin, président de l'Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), dans une note de presse, a demandé au CSPJ, si les faits d'agression physique aux dépens de la greffière à l'aide d'une arme à feu reproché au juge de paix sont vérifiés, ils nécessiteraient « une réaction forte d'un point de vue disciplinaire », car la violence est « inacceptable et doit être réprimée lorsqu'elle émane de personnalités en qui la loi attache la plus haute présomption de moralité, d'honneur et de bon sens ». La grève entamée par les greffiers et huissiers pour exiger de meilleures conditions de travail a encore une fois paralysé le fonctionnement des cours et tribunaux du pays. Présents à toutes les étapes d'une procédure, les greffiers notamment garantissent l'authenticité des décisions du juge. Tout jugement rendu en son absence peut être annulé, car il serait entaché d'un vice de forme.