Le Nouvelliste
La performance de notre système national de santé demeure toujours en-deçà des attentes
Jan. 17, 2020, midnight
Le rapport des statistiques de 2018 du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a été présenté vendredi à l’hôtel Montana. Les données relatées montrent des avancées dans la mise en œuvre de certains programmes, notamment le programme de lutte contre l’épidémie de choléra qui, « aujourd’hui, est en voie d’élimination », à en croire le Dr Patrick Delly. Cependant, « la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, la lutte contre les maladies non transmissibles et l’élimination en Haïti des épidémies de VIH/Sida et de tuberculose nous posent encore des défis ». « L’écart entre les résultats obtenus et les cibles des Objectifs du développement durable (ODD) est encore grand. J’encourage les directions concernées à redoubler d’effort pour se rapprocher des cibles retenues », a déclaré la ministre de la Santé, le Dr Marie Gréta Roy Clément. Les données précisent que la mortalité infantile est relativement élevée. Les niveaux de mortalité infantile les plus élevés ont été enregistrés dans le département des Nippes (72‰) et dans le reste du département de l’Ouest (84‰) et les niveaux le plus bas dans les départements de la Grand-Anse (28‰) et du Nord (33‰), relate le rapport citant l’Enquête mortalité, morbidité et utilisation des services (EMMUS-VI). Il est également constaté que la mortalité des adultes demeure aussi élevée. Selon les résultats de l’EMMUS-VI 2016-2017, la probabilité de décéder entre les âges exacts 15 et 50 ans est estimée à 144% chez les femmes et à 177 ‰ chez les hommes. Le rapport notifie également une situation alarmante en ce qui concerne la résurgence de certaines maladies évitables par la vaccination. Depuis la résurgence de la diphtérie en 2015, les cas n’ont pas cessé d’augmenter. « Les cas probables sont passés de 77 en 2015 à 392 en 2018, les cas confirmés de 31 à 103. Les décès ont évolué en dents de scie ; ils varient de 19 en 2015 à 33 en 2016 et de 24 en 2017 à 28 en 2018. » « Globalement le rapport statistique nous montre que la performance de notre système national de santé demeure en deçà de nos attentes et en deçà de celles des pays de la région des Amériques. Nous devons tous nous mettre à l’œuvre et particulièrement pour la vaccination où les enjeux de réintroduction de maladies évitables par la vaccination, de perte de certification d’élimination de certaines maladies sont grands », a indiqué la ministre Clément, soulignant que le rapport indique là où il faut agir et l’urgence d’agir. Il est à noter aussi qu’une tendance à la baisse de la fréquentation des services sanitaires de base est enregistrée. Plusieurs rapports du MSPP font remarquer que les gens ont refusé d’aller à l’hôpital pour se faire examiner à cause des coûts trop élevés des services de santé. Citant les résultats des comptes nationaux de 2015-2016, le rapport révèle que les dépenses courantes de santé sont supportées à 35% par des ménages alors que la part du budget de l’Etat consacrée à la santé plafonne aux environs de 5% durant les trois dernières années (de 2013 à 2016). « Il est évident que l’État doit faire l’effort d’accroître les fonds mis à la disposition du MSPP afin de renforcer ses capacités pour assurer le leadership du secteur. Les partenaires techniques et financiers du ministère doivent aussi se montrer plus cohérents et transparents dans leur collaboration avec ce dernier », a ajouté le Dr Clément, croyant que les différents rapports produits par le MSPP invitent à une prise de conscience collective pour une gestion plus efficace des ressources mobilisées afin d’augmenter la performance du système et d’arriver ainsi à une amélioration véritable de la situation de santé de la population.