Le Nouvelliste
Réflexion autour de la maîtrise de l’inflation et la stabilisation du taux de change
Aug. 28, 2020, midnight
Sous les auspices de la Primature, « Les journées de l’économie », un nouvel espace de réflexion, ont été lancées, ce vendredi 28 août, au Centre de convention et de documentation de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Le président de la République, Jovenel Moïse, et le Premier ministre, Joseph Jouthe qui ont procédé à l’ouverture de cette première journée de réflexion autour du thème « Maîtrise de l’inflation et stabilisation du taux de change », ont abordé des questions relatives à la dollarisation, à l’inflation et à la dépréciation de la gourde. Dans son discours, le président Jovenel Moïse a indiqué que la problématique de l’inflation est cruciale et intimement liée à l’augmentation du taux de change. « Les prix de plusieurs biens et services de base augmentent de façon exponentielle », a affirmé le chef de l'État, faisant référence notamment aux prix des produits alimentaires et aux services de santé et d’éducation qui deviennent de plus en plus inaccessibles aux gens des classes moyennes qui assistent impuissamment à l’effondrement de leur pouvoir d’achat. Le locataire du Palais national a souligné que le taux de change est passé de 14 gourdes pour un dollar (1er octobre 1994) à environ 120 gourdes pour un dollar actuellement. Pour lui, la dépréciation accélérée de la gourde constatée ces derniers temps ne se fonde pas sur de grands justificatifs économiques. « Certains operateurs économiques spéculent sur la détérioration de la gourde par rapport au dollar américain pour faire du profit indu. La dollarisation partielle de l’économie apparaît comme l’outil de service de cette soif d’enrichissement sans merci », déplore Jovenel Moïse. « Les biens et les prestations de services sont facturés en dollars américains ou en gourdes indexées sur le taux du jour souvent fixé abusivement par le vendeur ou prestataire de services sous le regard impuissant des autorités monétaires. Cette impuissance de nos autorités monétaires est apparentée aux yeux du peuple victime de ses abus à une relative complexité », a déclaré le chef de l’État, soulignant que les charges salariales et les obligations envers l’État (impôts, paiement des services d’électricité et d’eau potable) sont pourtant payées en gourdes. « La dollarisation partielle de l’économie devient une nouvelle source d’extorsion contre les salariés et l’État », a poursuivi le président. Pour sa part, le Premier ministre, Joseph Jouthe, a soutenu que l’accentuation de la dollarisation de l’économie entraine encore plus l’appréciation du dollar par rapport à la gourde et l’envie des acteurs économiques de convertir leurs épargnes en monnaie américaine. Il a fait savoir comment remédier à cette situation qu’il assimile à un cercle vicieux. « Sortir de ce cercle vicieux implique des politiques croisées de renforcement de la monnaie nationale, de discipline budgétaire, d'equilibre de la balance commerciale et de dynamisation de la production nationale », a argué le chef du gouvernement, soulignant la nécessité d’engager une réflexion très sérieuse entre les acteurs chargés de la politique monétaire et de la politique fiscale. De son côté, le gouverneur de la BRH, Jean-Baden Dubois, a expliqué une offre de monnaie qui ne résulte pas des activités économiques pose un problème fondamental et influe sur l’inflation. Il a aussi fait comprendre comment s’est produite la création monétaire. « La création monétaire se fait de plusieurs manières par le crédit bancaire et le financement monétaire. Tous ces éléments agissent sur l’inflation au même titre que les chocs naturels et les désastres humains (troubles sociopolitiques) », a-t-il expliqué. Le gouverneur a fait savoir également les raisons qui poussent la BRH à prendre la décision d’intervenir sur le marché des changes. « Nous sommes intervenus pour stabiliser le taux de change parce que les études nous révèlent que les fondamentaux macroéconomiques ne justifiaient pas la détérioration constatée au niveau du marché des changes. Il y a un facteur d’anticipation négative et de spéculation qu’il fallait à tout prix casser », a soutenu Jean Baden Dubois, soulignant que la BRH dispose de réserves équivalentes à cinq mois d’importations. Pour le gouverneur, il est possible de stabiliser le taux de change. Sur ce point, il a souligné que la politique monétaire est nécessaire, mais elle n’est pas suffisante, en faisant référence à des économistes. Il a mis l’accent sur le fait que le dollar qui devrait être utilisé pour des importations des biens, est présent dans les transactions locales. Le gouverneur Jean-Baden Dubois a indiqué que des mesures administratives doivent être prises pour que le dollar soit utilisé autrement pour des importations ou par ceux qui veulent épargner en cette monnaie.