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Le Nouvelliste

Les USA ont remis officiellement au BNE des pièces archéologiques volées, une première pour Haïti

Feb. 19, 2020, midnight

« Ces objets archéologiques, qui vont être classés patrimoine d’Haïti, sont des biens précieux pour l’humanité toute entière et pour la notre en tant que peuple […] Ces artefacts comprennent un certain nombre de pièces datant de l’époque précolombienne. C’est au gouvernement qu’il incombe d’analyser l’origine de ces pièces et leur bien-fondé », a déclaré le Premier ministre démissionnaire, Jean Michel Lapin, également ministre de la Culture et de la Communication, lors de la cérémonie de remise de ces biens culturels au Bureau national d’Ethnologie. Pour le moment, a précisé le PM Lapin, c’est le BNE, organe technique du ministère de la Culture et de la Communication, qui se charge de ces pièces archéologiques dans le cadre de ses attributions. « Il s’assurera à mettre en place un plan de sauvegarde, de conservation et surtout de vulgarisation par rapport à cette nouvelle collection riche. C’est un trésor », a poursuivi le Premier ministre démissionnaire qui en a profité pour saluer la solide amitié liant les deux peuples, américain et haïtien. Pour Jean Michel Lapin, il s’agit ni plus ni moins d’entrer en possession, dans le cadre d’une diplomatie culturelle, dynamique, concrète et sans grand discours, de plus de 470 artefacts taïno anciens découverts lors d’une enquête menée par le Bureau fédéral d’investigation (FBI).   « Après avoir été saisis par le FBI en 2014, plus de 400 objets taïno sont rentrés chez eux en Haïti. Il s'agit du plus grand rapatriement d'arts volés à Haïti effectué par les USA à ce jour. Lors d'une cérémonie, l'ambassadeur Sison a confié les objets au Bureau national d'ethnologie », a tweeté l’ambassade américaine en marge de cette cérémonie officielle de restitution. Au cours de cette cérémonie, l’ambassadeur américain accrédité en Haïti, Michèle J. Sison, s’est dit heureuse de restituer au peuple haïtien plus de 400 objets historiques culturels qui avaient été transportés illégalement hors d’Haïti il y a plusieurs années. Elogieuse, l’ambassadeur a qualifié les pièces restituées de « collection remarquable à couper le souffle ». « À la fin de l’année 2013, le FBI a reçu des informations selon lesquelles un collectionneur vivant dans l’Indiana rural avait recueilli une immense collection d’objets culturels tant aux États-Unis qu’à l’étranger. La plupart de ces biens culturels étaient soit volés, soit pillés. Au cours des 6 mois suivants, l’équipe des crimes liés aux objets d’art a investigué les plaintes et déterminé que cette personne avait accumulé une collection immense », a fait savoir Michael Nordwall, haut responsable du FBI, qui s’est déplacé en Haïti pour prendre part à la cérémonie officielle de restitution.   Dans la foulée, en 2015, le BNE avait adressé une demande de restitution d’œuvres anthropologiques haïtiennes à l’ambassade américaine. « Ce dossier adressé à l’ambassadeur de l’époque a été reçu avec beaucoup de véhémence et c’est à partir de là qu’ils nous ont proposé de nous rendre les objets volés qui étaient à Indianapolis », a confirmé pour Le Nouvelliste le directeur général du BNE, Érol Josué. Un représentant de l’équipe de Crime d’Arts du FBI a déclaré : Nous sommes honorés de rendre ces objets aux haïtiens. Depuis 2001, l’ambassade américaine en Haïti a fourni plus de $720 000 afin de préserver le patrimoine culturel d’Haïti », a révélé l’ambassade américaine dans un second tweet concernant l’événement. « Pour s’attaquer à cette forme de criminalité et aider à la récupération d’objets artistiques volés ou pillés et d’autres types de biens culturels, le FBI a créé une équipe dédiée au crime lié aux objets d’art. Cette équipe est composée d’agents spéciaux spécialement entrainés dans le domaine de la criminalité lié aux biens culturels. L’équipe des crimes liés aux objets d’art fait partie du programme global des crimes liés à l’art et cette équipe coordonne les investigations du FBI relatives aux biens culturels aux États-Unis et dans le monde », a longuement expliqué Michael Nordwall pour placer dans son contexte l’objet de sa présence en Haïti. « On a retrouvé une partie des œuvres qui appartenaient déjà au BNE, à la collection des présidents, entre autres, qu’aucun musée ni collectionneur haïtien ne possédaient », a souligné le directeur du BNE. Même si un certain nombre de ces pièces ont été identifiées et reconnues comme provenant du musée du BNE, les responsables haïtiens concernés ne sont pas encore en mesure d’indiquer d'où ces dernières proviennent exactement.