Le Nouvelliste
Jovenel Moïse évoque le «peyi lòk» et la Covid-19 pour justifier le déficit budgétaire
Aug. 18, 2020, midnight
En visite à Port-de-Paix dans le département du Nord-Ouest vendredi, le président de la République a évoqué les mois de « peyi lòk» de l’année dernière et le passage du coronavirus sur le pays pour justifier le niveau élevé du déficit budgétaire. Le financement monétaire de la banque centrale à l’État haïtien a déjà atteint les 34 milliards de gourdes au 30 juin, soit un dépassement de 4 milliards par rapport aux 30 milliards prévus dans le budget. « Le pays était bloqué pendant quatre mois : septembre, octobre, novembre, décembre 2019. Ensuite, la Covid-19 a encore bloqué le pays du 19 mars au 20 juillet », a rappelé Jovenel Moïse. Le président de la République a souligné que le pays fonctionne avec des dépenses et des recettes. « S’il n’y a pas de recettes alors qu’il y a des dépenses incompressives comme le salaire des policiers, le salaires des enseignants, entre autres, c’est normal que le ministère des Finances demande à la banque centrale de faire un financement monétaire pour permettre à l’Etat de faire face à ces dépenses », a fait savoir le chef de l’Etat. Jovenel Moïse a aussi évoqué l’achat des produits pétroliers dans le pays qui rentre dans le cadre du financement monétaire. Le Président a souligné que les importateurs achètent le carburant à crédit alors que l’Etat est obligé de le payer cash. « Sur plus de 100 millions de dollars de carburant achetés ces derniers mois, environ 30 millions ont été payés », a révélé le président. « Ces modèles économiques tuent le pays », a-t-il dénoncé, annonçant des changements à ce niveau. Malgré le mauvais état de l’économie du pays, le président de la République ne pouvait pas s’empêcher de faire des promesses aux habitants du département du Nord-Ouest, notamment à ceux de Port-au-Paix. Jovenel Moïse leur a promis la construction d’un aéroport international, l'asphaltage des rues de la ville, la reconstruction du réseau électrique, l’achèvement de la route kafou Jòf, entre autres. Dans un autre registre, Jovenel Moïse a rappelé qu’il a failli perdre le pouvoir lors des grands mouvements de protestation l’année dernière. Encore une fois, le président Moïse a confirmé encore une fois que son mandat arrive à terme le 7 février 2022. Il a demandé à ses détracteurs d’aller vérifier si du 7 février 2016 au 7 février 2017 c’est lui qui avait signé en tant que chef de l’Etat les arrêtés pris au cours de cette période. « Si c’est moi qui les avais signés, je m’en serais allé le 7 février 2021). Autrement je m’en irai le 7 février 2022 », a affirmé le locataire du Palais national. Interrogé par les journalistes locaux sur la lutte contre la corruption, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il ne peut pas tout dire dans la presse. Cependant Jovenel Moïse a révélé que beaucoup de gens impliqués dans des actes de corruption sont actuellement derrière les barreaux. Si le président s’est gardé de citer des noms, il a toutefois indiqué que « des hauts cadres au ministère de l’Education nationale impliqués dans des dossiers louches sont en prison ». Pour montrer qu’il n’est pas lui-même impliqué des actes de corruption comme l’accusent des membres de de l’opposition politique, Jovenel Moïse a indiqué qu’il est un livre ouvert. « J’habite toujours à la même maison depuis que je suis arrivé à Port-au-Prince… », a-t-il rappelé.