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Le Nouvelliste

Son visa américain révoqué, le sénateur Antonio Cheramy réagit

Nov. 15, 2019, midnight

Le sénateur de l’Ouest, l’un des fers de lance de l’opposition, a confirmé sur Magik9 vendredi que son visa a été révoqué par le consulat américain. « Effectivement, j’ai reçu un message écrit de la part du consul général de l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince. Nous avons eu ensuite une conversation au cours de laquelle il m’a annoncé que mon visa a été révoqué. Je lui ai fait remarquer que mon visa personnel a expiré depuis 2018. Il a reconnu que le visa concerné était apposé sur mon passeport diplomatique, propriété donc de l’État haïtien », a-t-il expliqué, confirmant une information largement commentée sur les réseaux sociaux depuis deux jours. La capture d’écran d’un message du consul général au sénateur ne cesse d’être partagée sur la Toile.  Le parlementaire a minimisé la décision des autorités américaines, soulignant qu’il ne se rend pas aux États-Unis depuis plus de trois ans. « Je sais que le visa est un instrument aux mains des Américains pour faire chanter ceux qui luttent aux côtés de la population. C’est pour cela que j’avais refusé de renouveler mon visa personnel. Je ne me rends pas aux États-Unis depuis le début de mon mandat. C’est un choix réfléchi et non un hasard », a-t-il fait savoir. Dans la foulée, le farouche opposant a révélé des invitations impromptues qu’il avait reçues de la part des Américains.  « Je n’aime pas communiquer sur des choses qui surviennent dans l’exercice de mes fonctions, mais je dois souligner que j’ai reçu deux invitations officielles pour me rendre aux États-Unis la veille de chaque séance de ratification de Premier ministre. C’est arrivé avec Jean-Michel Lapin et Fritz William Michel. J’ai toujours expliqué à ces interlocuteurs que je ne pouvais pas quitter le pays à ces dates. Je ne dis pas que ces invitations étaient de mauvaise foi, mais j’estime étrange la rapidité avec laquelle les démarches administratives, notamment l’émission d’un visa sur mon passeport diplomatique, était effectuée », a-t-il-fait remarquer. Pour Antonio Cheramy, il ne fait aucun doute que les Américains ont pris cette décision à cause de son opposition à Jovenel Moïse et des critiques qu’il a émises sur la politique d’octroi de visa du consulat américain à Port-au-Prince. « L’État américain veut développer un rapport colon-esclave avec Haïti.  Ils ont signé des accords avec notre pays pour lutter contre la corruption, le trafic illicite de drogue et d’armes. À l’interne, les États-Unis luttent contre la corruption. Paradoxalement, ils nous exigent de dialoguer avec un président dont le nom est mentionné 69 fois dans un rapport de dilapidation de fonds. C’est parce que ce président est bon pour eux. Beaucoup de ceux qui s’expriment sur la crise en Haïti gagnent de l’argent dans cette situation. Nous pouvons toujours dialoguer ou bénéficier de l’aide d’un pays étranger, mais il faut en finir avec ce rapport colon-esclave. (…) J’avais posé le problème des frais de visa. Les Américains n’ont pas aimé ma déclaration sur les frais de visa. Ils disent que je représente une menace pour leur pays. Ce que j’ai dit est clair. Si Haïti est présentée comme l’un des pays les plus pauvres dans les rapports des Américains, pourquoi perçoivent-ils de l’argent à des milliers de nos compatriotes alors qu’ils accordent seulement une dizaine de visas par jour ? Des fois, on humilie nos compatriotes avant de leur refuser le visa », a-t-il analysé.