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Le Nouvelliste

Affaire Yves Jean-Bart : La justice haïtienne lave le président de la Fédération haïtienne de Football, la FIFA le condamne

Nov. 20, 2020, midnight

Rebondissements en deux temps et en deux tons dans l’affaire Yves Jean Bart. Si l’instruction ouverte contre le président de la Fédération haïtienne de football (FHF) pour abus sexuels sur mineures a débouché sur un non lieu faute de « preuves et de charges » en Haïti jeudi , vendredi, l’enquête de la FIFA a reconnu l’intéressé « coupable d’abus de pouvoir et d’agression sexuelle sur plusieurs joueuses, dont des mineures, en violation du Code d’éthique de la FIFA ». Le plus emblématique dirigeant du football en Haïti de ces dernières décennies est écarté à vie du monde du ballon rond et doit payer une amende d’un million de francs suisses.  Le 19 novembre, le juge d’instruction Emilio Accimé a adopté le réquisitoire définitif du substitut commissaire du gouvernement Me Rémy Vallon, dans l’affaire Yves Jean-Bart, dit Dadou, poursuivi pour abus sexuels sur mineures. Dans son réquisitoire définitif adressé au cabinet d’instruction, le substitut Rémy Vallon a demandé au juge instructeur « de dire et déclarer qu’il n’y a ni charges ni indices retenus dans cette instruction contre le nommé Yves Jean-Bart, mis en examen pour abus sexuels sur mineures, en conséquence, le renvoyer hors des liens d’inculpation », a-t-on appris jeudi, plusieurs mois après le début de cette affaire qui a éclaboussé le football haïtien.   Le juge instructeur  Emilio Accimé a conclu qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre  le docteur Yves Jean Bart. Le concerné, selon l’ordonnance du juge, est renvoyé hors des liens d’inculpation.  L’ordonnance  du magistrat a souligné que le parquet de la Croix-des-Bouquets avait effectué plusieurs descentes des lieux au centre « FIFA goal », l’endroit où sont hébergées les joueuses, ce, avance-t-on dans le document, afin d’identifier des mineures qui seraient victimes d’abus sexuels et d’avortement. « Toutefois, le personnel interrogé et les quelque 250 jeunes en formation se disent étonnés d’entendre de telles allégations », fait remarquer le document. De plus, l’ordonnance a souligné qu’aucune victime n’a porté plainte en dépit des dénonciations. « Le parquet a reçu la dénonciation de certaines organisations de droits humains, notamment SOFA, Kay Fanm, Kri Fanm Ayiti, et CALDSH à l’encontre de Yves Jean-Bart. Ces organisations n’avaient pas mentionné de noms de victimes dans leur dénonciation faite au parquet. La Brigade de protection des mineurs de la DCPJ a mené une enquête musclée autour des accusations d’agressions sexuelles sur mineures faites par le journal britannique The Guardian. En dépit des moyens mis à la disposition de la BPM pour mener cette enquête, aucun indice et aucun nom n’ont été trouvés. Le 12 mai 2020, la BPM a produit un rapport d’information dans lequel il n’a toujours pas identifié les victimes dans le but de les localiser pour pouvoir les auditionner et rechercher les preuves et les indices concordants pouvant lier les principaux concernés, plus précisément Yves Jean Bart », peut-on lire dans le document.  Plusieurs personnes ont été interrogées dans le cadre de l’instruction. Il s’agit non seulement du concerné, Yves Jean-Bart, mais aussi de Melchie Daëlle Dumornay, dite Corventina, du président a.i. de la FHF, Joseph Varieno Saint-Fleur, et Marlaine Orival Dirémy, du ministère des Sports. Toutes les personnes interrogées ont nié l’existence des cas d’agressions sexuelles ou de viol commis dans le centre de formation FIFA goal. L’ordonnance souligne plus loin qu’aucune victime n’a été identifiée par les dénonciateurs. « Les organisations susdites ont été citées à comparaître au cabinet d’instruction et elles ont brillé par leur absence », peut-on lire dans le document.  En effet, la FIFA condamne, impose des amendes contre Yves Jean-Bart, mis hors jeu à vie du monde du football. Alors que s’émoussait la récrimination de certains, dont des organisations féministes, contre la décision de la justice haïtienne, la FIFA a sonné le glas de M. Jean Bart. « La chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante a jugé Yves Jean-Bart – président de la Fédération haïtienne de football (FHF) et ancien membre de commission de la FIFA – coupable d’abus de pouvoir et d’agression sexuelle sur plusieurs joueuses, dont des mineures, en violation du Code d’éthique de la FIFA. », pouvait on lire dans une dépêche publiée vendredi par FIFA.com. « Cette procédure s’insère dans le cadre d’une vaste enquête concernant M. Jean-Bart et d’autres officiels de la FHF, identifiés comme ayant possiblement été impliqués (en tant qu’auteurs principaux, complices ou instigateurs) dans des actes d’abus sexuels systématiques envers des joueuses entre 2014 et 2020. Les procédures concernant les autres officiels sont encore en cours », a poursuivi cette dépêche.  Dans sa décision, la chambre de jugement a établi que M. Jean-Bart avait enfreint l’art. 23 (Protection de l’intégrité physique et mentale) et l’art. 25 (Abus de pouvoir) du Code d’éthique de la FIFA et a prononcé à son encontre une interdiction à vie de toute activité liée au football (administrative, sportive et autres) aux niveaux national et international. Il devra en outre s’acquitter d’une amende d’un montant de CHF 1 000 000, selon FIFA.com  La décision a été prise le 18 novembre 2020 et M. Jean-Bart en a été notifié aujourd’hui, date à laquelle l’interdiction entre en vigueur. Conformément à l’art. 78, al. 2 du Code d’éthique de la FIFA, la décision motivée sera notifiée dans son intégralité à M. Jean-Bart sous 60 jours ; elle sera ensuite publiée sur legal.fifa.com, a indiqué la dépêche.