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Le Nouvelliste

À l'approche du 17 octobre, l'hôpital général se vide de ses malades

Oct. 16, 2019, midnight

Un vent de désespoir s'abat sur Port-au-Prince, ce jeudi 16 octobre 2019. A l'hôpital général demeure depuis plus d'une semaine un climat de grève généralisée qui a peur de son nom. À l'approche de la grande manifestation annoncée pour le 17 octobre, qui risque d'amplifier le "peyi lòk", les parents des malades ont fait le nécessaire pour fuir le plus grand centre hospitalier du pays. "Cette situation devrait empêcher certaines personnes de dormir", crache une mère qui accompagne son fils hospitalisé depuis plus d'un mois à l'HUEH.  Ils prennent la poudre d'escampette comme des prisonniers en cavale, s'efforçant de traverser la barrière des urgences. Le fils, un jeune de 27 ans, traumatisé par le doute qui plane autour de son pronostic vital, n'en dira pas plus. "Rester ou partir, c'est la même chose. Depuis une semaine, ma maman est mon médecin." Abandonné par les professionnels de santé et le personnel administratif à la suite des attaques perpétrées contre ces derniers, l'hôpital général s'enlise dans une succession de crises aiguës qui agrègent les multiples crises qu'il traverse depuis des lustres.  Des professionnels de santé impayés depuis plus de 3 mois, problème d'intrants, insalubrité, une reconstruction noyée dans cette ambiance de lòk, l'insécurité, etc. Tout semble rattraper ce centre hospitalo-universitaire abonné aux horreurs. L'urgence de la chirurgie ainsi que la salle de stabilisation ressemblent à un désert. " Je ne pense pas qu'il y a moins de blessés, moins de traumatismes dans le pays, c'est juste que les patients qui ne peuvent pas payer une structure privée meurent chez eux ou dans la rue, ne sachant où aller", glisse un médecin de service qui requiert l'anonymat. Avant d'ajouter que les responsables n'ont pas su anticiper les différentes manières de gérer cette crise que connaît le pays. "Je suis ici avec un scanner depuis 3 jours et une radiographie du thorax, on a épuisé nos économies pour répondre aux ordonnances des médecins. Depuis 3 jours, on n’a pu rencontrer aucun médecin pour interpréter voire prendre une décision en fonction des résultats du scanner", maugrée le fils d'une femme hémiplégique suite à une chute.