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Le Nouvelliste

Crise en Haïti: commémoration a minima de la bataille d'indépendance

Nov. 18, 2019, midnight

Le président haïtien Jovenel Moïse a commémoré lundi la bataille qui a mené le pays à l'indépendance, depuis la capitale et sous haute protection policière, sans se rendre sur le site historique à cause des manifestations répétées exigeant sa démission depuis plus de deux mois. "Des soldats, des va-nu-pieds, des esclaves se sont révoltés et se sont donnés leur indépendance mais, après 216 ans, je pense que la bataille pour l'indépendance économique doit commencer et c'est pour ça qu'il faut détruire ce système exploiteur", a déclaré Jovenel Moïse lundi matin sur le parvis du musée du panthéon national haïtien. Chaque 18 novembre, Haïti célèbre la bataille de Vertières qui, en 1803, a vu la victoire de l'armée indigène sur les troupes napoléoniennes, prélude à l'indépendance de la première République noire de l'Histoire le 1er janvier 1804. Situé à 240 km au nord de Port-au-Prince, le site de Vertières est traditionnellement le lieu des commémorations mais, conspué par des manifestations populaires depuis fin août, Jovenel Moïse n'a pas fait le déplacement et a simplement procédé à un dépôt de gerbe de fleurs au musée qui jouxte le palais national, où s'est tenu un défilé militaire.  La place du Champ de Mars, où se situent musée et palais, a été interdite d'accès au public le temps des cérémonies. Ses accès étaient gardés par un lourd dispositif policier.  A la tribune, devant les militaires, le chef de l'Etat a pour la première fois évoqué publiquement le massacre perpétré il y a un an dans un quartier populaire de la capitale.  M. Moïse a seulement demandé "au ministre de la Justice de mettre la Nation au courant sur l'état d'avancement du dossier de La Saline, qui est entre les mains de la justice depuis plusieurs mois". Du 13 au 14 novembre 2018, cinq bandes armées se sont affrontées pendant plus de quatorze heures dans le bidonville. Dans leur rapport d'enquête publié en juin, les Nations unies ont fait état d'au moins 26 morts et douze disparus. Des organisations haïtiennes de défense des droits humains établissent elles le bilan à 71 morts. Le silence des autorités sur les violences répétées dans les quartiers populaires a attisé la colère des manifestants, qui sont majoritairement issus de ces zones défavorisées. Les habitants les plus pauvres exigent d'autant plus la démission du chef de l'État que des entreprises qu'il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant "au cœur d'un stratagème de détournement de fonds".