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Le Nouvelliste

Fritz Alphonse Jean voit dans le Covid-19 une opportunité de revoir les choix en faveur de la production agricole

April 17, 2020, midnight

Alors que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait prévu que 4.1 millions de personnes pourraient connaître une grave insécurité alimentaire au cours de la période allant de mars à juin 2020, la situation risque de s’aggraver avec le Covid-19. « Nous allons connaître une situation difficile dans les  trois prochains mois », prévient l’économiste Fritz Alphonse Jean. Si le pays continue de recevoir au moment où nous parlons des stocks de produits alimentaires, cela va changer dans les jours qui viennent. Personne ne sait pour le moment quand la situation reviendra à la normale, ni quand les activités de production et d’échange pourront reprendre comme d’habitude. « Tous les pays exportateurs de provisions alimentaires et auprès desquels nous avons l’habitude de nous approvisionner sont en train de prendre des dispositions, fait remarquer Fritz Alphonse Jean qui a cité à titre d’exemple, l’Inde, la Chine et le Vietnam. Ces pays, souligne-t-il, sont en train d’effectuer des inventaires et annoncent qu’ils ne vont plus prendre de nouvelles commandes dans les prochains jours. L’ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti prévoit que nous allons subir les conséquences de ces choix stratégiques de ces pays qui veulent éviter des risques de pénurie. Fritz Alphonse Jean invite les autorités à prendre des dispositions susceptibles d’encourager les productions à « cycle court ». « Si l'on se met au travail aujourd’hui, ces produits seront disponibles dans trois à quatre mois », ajoute-il en parlant des céréales et de certains tubercules. L’État, selon lui, devrait faire aujourd’hui ce qu’il aurait dû faire il y a longtemps dans le secteur agricole, c’est-à-dire distribuer des semences et des engrais, mécaniser la production, renforcer les techniques des agriculteurs en matière de récolte et de commercialisation, entre autres. L’économiste  conseille aux autorités de prendre des dispositions en faveur des producteurs évoluant dans le secteur de la transformation agro-alimentaire. L’auteur de « Haïti: une économie de violence » voit dans la situation créée par le Covid-19 une opportunité de relancer l’agriculture. « C’est un moment historique extrêmement important de parvenir à une autonomie stratégique », dit-il tout  en critiquant le choix des autorités qui se sont succédé au pouvoir qui étaient rentrées tête baissée dans la libéralisation. Un choix qui, avance-t-il, a eu pour conséquences la déstructuration de l’agriculture et la destruction de certaines industries. Ce qui, selon lui, fut un « échec »  non seulement pour le ministère de l’Agriculture, mais aussi du ministère de l’Économie et de Finances et de la banque centrale. L’ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti préconise la renégociation des accords commerciaux et l’harmonisation de la politique monétaire et de la politique fiscale dans le pays.