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Le Nouvelliste

L'assassinat de Me Monferrier Dorval évoqué au Conseil de sécurité de l'ONU

Oct. 7, 2020, midnight

Évoqué lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur Haïti, l’assassinat du bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, a été vivement condamné par le secrétaire général, Antonio Guterres, et par l’ambassadeur des États-Unis, Kelly Craft. «Je condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat de Monferrier Dorval et exhorte les autorités haïtiennes à redoubler d’efforts pour traduire en justice les auteurs de ce crime et à s’attaquer aux causes profondes de la violence politique et criminelle afin que tous les Haïtiens puissent jouir de leurs droits civiques, politiques et socioéconomiques fondamentaux », a écrit le secrétaire général dans son rapport au Conseil de sécurité sur la situation en Haïti. « L’assassinat de Dorval le 28 août était une attaque contre la société civile et contre tous ceux qui œuvrent pour un future meilleur en Haïti. Nous appelons le gouvernement haïtien à diligenter une enquête et à poursuivre les responsables et nous continuerons à plaider en faveur du renforcement du règne de la loi en Haïti », a déclaré l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Kelly Craft. Sans prendre de gants, elle a descendu en flammes le système judiciaire haïtien. « Le système judiciaire haïtien n’a pas posé d’actions concrètes afin de poursuivre les responsables d’abus des droits humains. Le déficit d’imputabilité des auteurs d’abus contre les droits humains renforce l’environnement d’impunité », a indiqué la diplomate américaine qui a renouvelé l’engagement des Etats-Unis à aider la PNH dans sa lutte contre les gangs et la violence. Récemment 5 millions de dollars ont été reprogrammés afin d'assister la police dans ses efforts contre les gangs. La PNH aura des conseillers additionnels pour l’aider à faire face aux questions relatives aux droits humains et à la conduite des policiers. Sans un chronogramme et la réception de fonds suffisant et un engagement sur le long terme du gouvernement, la police ne peut pas être efficace en remplissant sa mission de sécurité publique, a fait savoir l’ambassadeur Kelly Craft. Le Bureau des affaires criminelles (BAC), dans le rapport d’enquête soumis au parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince le 16 septembre, avait indiqué que les « nommés Modelet Sénégeau, alias Abidy, Mackender Fils-Aimé, Dunès Vilpique, alias Jah, Markenson Charles, alias Cobra, Gerson Laurent, alias TiLuc ou Louko, Richelet Augustin, Johnny Toussaint et consorts se sont associés en malfaiteurs pour assassiner le citoyen Monferrier Dorval, bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince ». L’une des personnes arrêtées dans le cadre de cette enquête, la nommé Mackender Fils-Aimé, a révélé aux enquêteurs du BAC être un ex-chargé de mission au ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales.  Le rapport d’enquête de la police a également indiqué que Dunes Vilepique, alias Jah, propriétaire d’une borlette, arrêté lui aussi dans le cadre de l’affaire Dorval, s’est présenté comme une personne influente dans la commune de Pétion-Ville.  Lors de son audition par les enquêteurs du BAC, il « a relaté avoir obtenu deux badges comme chargé de mission au Palais national et au ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, lesquels documents qu’il disait avoir utilisés seulement pour faciliter son passage lors des fouilles policières », a indiqué le rapport d’enquête. L’instruction a été confiée au juge Renord Régis. Lundi 5 octobre, à l’occasion de la réouverture des travaux judiciaires, des avocats ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince pour exiger justice en faveur du bâtonnier Monferrier Dorval.