Le Nouvelliste
L'opposition politique monte au créneau contre l’ONU et l’OEA
Jan. 4, 2021, midnight
Après avoir peint un tableau sombre des quatre ans de Jovenel Moïse passés au pouvoir, les organisations politiques OPL, Fusion, VERITE, INITE, INIFOS, Secteur démocratique, Veye Yo et AAA critiquent l’organisation hémisphérique qui, selon elles, a mis à la disposition du Conseil électoral provisoire décrié le Nicaraguayen César Acuna. « Le BINUH apporte aujourd’hui tout son appui technique au président Jovenel Moïse en nommant le Tunisien Amor Boubaki comme conseiller juridique de la commission constitutionnelle récemment mise en place », ont dénoncé les opposants au pouvoir en place dans ces deux correspondances envoyées aux secrétaires généraux de l’OEA et de l’ONU. « Depuis le deuxième lundi du mois de janvier, Haïti est sorti de la charte démocratique des États américains. Le président de la République, en ayant sciemment refusé d’organiser les élections comme l’exige la Constitution de 1987 amendée, se donne la latitude de gérer à coups de décrets. La démocratie est donc mise en veilleuse. Cette réalité, pour le moins inquiétante, bouleverse les démocrates- tant ici qu’ailleurs- qui constatent le retour à la dictature dans sa forme la plus abjecte », a écrit la Direction de l’opposition politique démocratique. Les opposants farouches au pouvoir en place ont souligné à l’attention des secrétaires généraux de l’OEA et de l’ONU que le chef de l’État a nommé un CEP avec des membres « totalement acquis à sa cause » avec pour mission d’organiser le référendum constitutionnel afin de doter le pays d’une nouvelle constitution et d’organiser des élections générales dans le pays. « La Constitution haïtienne en son article 284-3 stipule ce qui suit : Toute consultation populaire tendant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite », ont-ils souligné. « En se croyant investi de la puissance publique, il veut anéantir la Constitution de 1987 pour la remplacer par une nouvelle taillée sur mesure. À ce compte, il a nommé par décret une commission chargée d’en proposer une nouvelle », a ajouté la Direction de l’opposition. « En se croyant le seul maitre à bord, il a installé une armée de terreur pour asseoir son pouvoir personnel. Dès lors, les gangs armés se multiplient partout dans le pays et sont fédérés en G9 et Fanmi à l’initiative du pouvoir exécutif. Les cas de kidnapping augmentent, les familles haïtiennes sont terrorisées, endeuillées, décapitalisées. Les organisations de droits humains ont fait des révélations terrifiantes, surprenantes lors des massacres de La Saline commandités par des officiels du pouvoir. A Bél-Air, les maisons des riverains sont pillées, incendiées par les gangs du G9, et ceci en maintes occasions. Pas un mot du pouvoir. Pas une intervention de la police. Silence absolu », ont rapporté ces organisations politiques à Luis Almagro et à Antonio Guterres. Ces organisations politiques affirment dans les correspondances ne pas comprendre l’apport inconditionnel de l’OEA et du BINUH « au pouvoir absolu de Monsieur Moïse » alors qu’ils « sont les défenseurs du respect des principes démocratiques ». « En dépit du fait que la situation se détériore, arrive à son pourrissement, en dépit du fait que les pouvoirs de l’État sont disloqués, que le kidnapping est devenu affaire d’Etat, que l'exécutif n’a jamais organisé les élections conformément à la Cconstitution, que les droits fondamentaux sont systématiquement violés, bafoués, l’OEA apporte aujourd’hui tout son appui technique à l’actuel Conseil Electoral Provisoire de Jovenel Moïse. L’organisation hémisphérique a mis à la disposition de son Conseil électoral provisoire le Nicaraguayen César Acuna. Le BINUH apporte aujourd’hui tout son appui technique au président Jovenel Moïse en nommant le Tunisien Amor Boubaki comme conseiller juridique de la commission constitutionnelle récemment mise en place », ont tancé ces structures politiques de l’opposition. Selon ce qu’ils ont dit à Luis Almagro et à Antonio Guterres, « l’OEA et les Nations unies ne doivent pas encourager un président à violer la constitution de son pays ». Ils n’ont pas raté l’occasion pour souligner à l’attention des secrétaires généraux de l’OEA et de l’ONU que le mandat du président de la République prendra fin le 7 février 2021 alors que Jovenel Moïse soutient que son mandat arrivera à terme le 7 février 2022. « Les partis et regroupements politiques sont en train de préparer l’après-Jovenel Moïse : la marche inévitable vers la transition. Ils dénoncent de toutes leurs forces le mépris envers le peuple haïtien. Le 7 février 2021 sonnera le glas de ce régime tyrannique, sanguinaire. À partir de cette date, débutera en Haïti une ère nouvelle. Au nom des principes démocratiques, l’OEA et le BINUH se doivent d’apporter leur contribution sans faille », a conclu la Direction des partis politiques de l’opposition.